AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE
Compressions à Radio-Canada: le commissaire Fraser inquiet
Le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, a décidé d'interpeller à la fois le gouvernement fédéral et Radio-Canada pour leur rappeler que le modèle d'affaires proposé par le radiodiffuseur pour les années à venir doit tenir compte de leurs obligations à l'égard des communautés de langues officielles.
«Radio-Canada/CBC est dans une situation difficile et tente de mettre de l'avant un plan stratégique qui lui permettra de remplir son mandat au meilleur de sa capacité, a souligné le commissaire Fraser. Mais dans l'application de ce plan au cours des prochaines années, le diffuseur public doit être très conscient de ses responsabilités découlant de la Loi sur les langues officielles à l'égard des communautés anglophones au Québec et francophones ailleurs au Canada, de même que de la promotion de la dualité linguistique».
Le commissaire souligne par ailleurs que la Loi sur la radiodiffusion impose des responsabilités plus larges à Radio-Canada/CBC, en établissant notamment qu'une gamme de services de radiodiffusion en français et en anglais doit être offerte à tous les Canadiens.
«Dans le contexte où Radio-Canada/CBC dispose de moyens réduits pour servir l'ensemble de la population, quels sont les moyens que le gouvernement entend prendre pour garantir la réalisation de son mandat envers les communautés de langue officielle? À l'exception de Montréal et de quelques communautés de l'Ontario, les plans d'affaires des diffuseurs privés ne leur permettent pas d'assurer un service adéquat aux communautés de langue officielle, a-t-il mentionné. C'est pourquoi la contribution de Radio-Canada/CBC est jugée essentielle à leur vitalité. Nous avons besoin de savoir comment ces communautés pourront avoir accès à des médias qui leur parlent, au même titre que l'ensemble des habitants du Canada.»
Le commissaire a rappelé qu'à la suite d'une enquête sur les coupures effectuées en 2009 à la station CBEF Windsor, il avait fait appel aux tribunaux pour tenter d'élucider la portée des obligations de Radio-Canada/CBC stipulées à la partie VII de la Loi sur les langues officielles, qui prévoit notamment que les institutions fédérales doivent appuyer le développement des communautés de langue officielle partout au pays.
La Fédération des communautés francophones et acadienne avait également dénoncé les changements et les compressions annoncés par la direction de la Société.
Selon la présidente Marie-France Kenny, il sera difficile pour les francophones de reconnaître Radio-Canada d'ici quelques années, au point de mettre en péril leur capacité de vivre en français dans plusieurs régions du pays.
«On peut bien maquiller la réalité en disant que c'est une transformation qui vise à rapprocher Radio-Canada-CBC de son auditoire en misant sur les nouvelles technologies, mais au bout du compte, ce qu'on annonce vraiment, c'est le démantèlement de pans entiers du diffuseur public, dont la réduction de la durée des bulletins d'information locale et l'élimination de 25% du personnel», avait indiqué la présidente Kenny.