AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE

Langues officielles: les plaintes ont doublé dans la région

Auteur: 
Paul Gaboury, Le Droit

Le commissaire Graham Fraser a déposé son 10e et dernier rapport annuel jeudi. Dans le document, il reconnaît encore d'importants problèmes quant au respect de la Loi sur les langues officielles touchant l'accès à la justice et aux services fédéraux, ainsi que la langue de travail dans les institutions fédérales.
 
Dans la région de la capitale nationale, le nombre de plaintes recevables a doublé en l'espace d'un an, représentant maintenant plus de 65% de toutes les plaintes reçues l'an dernier par son bureau. Leur nombre est passé de 257 à 472, en l'espace d'un an, ce qui représente les deux tiers des 725 plaintes recevables provenant de partout au pays en 2015-2106.
 
«Cette hausse est liée principalement aux exigences linguistiques des postes dans la fonction publique fédérale. Plusieurs ministères font des affichages de postes regroupés qui ne correspondent pas aux besoins dans bien des cas. Nous continuons à dire au Conseil du Trésor que les postes de superviseurs devraient avoir les exigences linguistiques CBC plutôt que BBB, pour s'assurer que les superviseurs soient en mesure de communiquer avec les employés dans leur langue maternelle», a expliqué le commissaire Fraser.
 
C'est encore Air Canada qui arrive en tête de liste pour le nombre de plaintes, cette année. Le commissaire Fraser a d'ailleurs indiqué qu'il déposera un rapport spécial au Parlement sur le transporteur aérien, le 7 juin prochain.
 
«Pas demain la veille»
 
Son évaluation de 33 institutions fédérales a démontré une légère amélioration depuis 10  ans, expliqué le commissaire Fraser, qui se prépare à quitter cet automne.
 
«Ce n'est pas demain la veille qu'on va fermer le commissariat», a-t-il lancé, pour indiquer l'ampleur du travail à faire pour son successeur.
 
Pour la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Sylviane Lanthier, il reste encore beaucoup de pain sur la planche. «Quand on regarde le tableau des notes des institutions fédérales, entre autres au chapitre de l'offre active, c'est à faire dresser les cheveux sur la tête», a-t-elle commenté.
 
Quant à la personne qui succédera à M. Fraser, Mme Lanthier a exprimé le souhait que le principe d'alternance s'applique encore cette fois.
 
«Il y a un principe d'alternance, anglophone et francophone, et nous aimerions bien que son successeur vienne de nos communautés», a-t-elle indiqué.
 
Le commissaire Fraser n'a pas mentionné le dossier du Bureau de la traduction dans son rapport, mais a expliqué qu'il fallait continuer à surveiller les impacts qu'aura «l'outil de compréhension» sur le respect des langues officielles dans la fonction publique fédérale.
 
Énergie Est présenté en anglais seulement: Fraser s'attend à des plaintes
 
Le commissaire aux langues officielles Graham Fraser s'attend à ce que les plaintes affluent avec le dépôt du projet d'oléoduc Énergie Est uniquement en anglais devant l'Office national de l'énergie.
 
Même si TransCanada compte traduire tous les documents d'ici un mois, M. Fraser insiste sur le fait que tous les Canadiens devraient pouvoir comprendre les détails d'un tel projet.
 
TransCanada a déposé mardi pas moins de 39 000 pages expliquant son controversé projet d'oléoduc Énergie Est. La documentation fournie tel que demandé mardi était presque exclusivement en anglais. «J'ai fortement l'impression que ça va provoquer des plaintes», a indiqué M. Fraser, ajoutant qu'il ne voulait pas trop commenter cet enjeu qui pourrait aboutir sur son bureau.
 
La ministre responsable des langues officielles, Mélanie Joly, a indiqué qu'elle étudiait la situation avec son collègue des Ressources naturelles, Jim Carr. «Nous allons nous assurer que, dans le contexte du dossier d'Énergie Est, la Loi sur les langues officielles sera respectée, mais également que les deux langues officielles seront promues», a-t-elle répliqué.