AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE

Des articles de la revue Éducation et francophonie qui ont la cote

Mercredi, 14 Octobre, 2020


Au cours de l’année 2019-2020, quatre articles de la revue Éducation et francophonie se sont particulièrement démarqués par le grand nombre de téléchargements dont ils ont fait l’objet. Vous les retrouverez ci-dessous. Pourquoi ces articles ont-ils été autant lus? Nous avons posé deux questions aux chercheuses et chercheurs qui ont rédigé ceux-ci afin de mieux comprendre leur importance. Découvrez leurs réponses!
 
La formation des enseignants sur la diversité et les rapports ethniques : regard comparatif France, Québec, Belgique et Suisse
Titre du numéro : Pluralisme, équité et rapports ethniques dans la formation du personnel des milieux éducatifs
Autrices et auteur : Maryse POTVIN – Fabrice DHUME – Marie VERHOEVEN – Tania OGAY
Pourquoi cet article a-t-il une grande importance dans votre domaine?
Cet article porte un regard comparatif transversal sur la formation initiale du personnel scolaire, sur la diversité, l’équité et les rapports ethniques en France, au Québec, en Belgique francophone et en Suisse, notamment dans les politiques, référentiels de compétences, dispositifs, programmes universitaires, cours et contenus de formation. Les travaux comparatifs sur la place de la diversité ethnoculturelle dans les dispositifs de formation des futurs enseignantes et futurs enseignants au sein des pays de la francophonie sont encore rares, alors que les systèmes éducatifs, du primaire à l’université, doivent de plus en plus prendre en compte des réalités complexes qui les interpellent à la fois dans leur manière globale de fonctionner et dans les compétences que doivent développer les professionnels pour instaurer l’équité, l’inclusion, la solidarité, la coopération et les capacités de tous à vivre-ensemble dans des sociétés pluralistes.
Quels sont les impacts et les retombées de cette étude sur la société?
Cet article, qui prend la forme d’un bref portrait comparatif, montre que les dispositifs de formation des quatre sociétés francophones que sont la France, le Québec, la Belgique francophone et la Suisse, doivent mieux arrimer les programmes, les cours et les référentiels de compétences sur les questions d’équité et de diversité, et que ces dernières doivent être plus présentes dans la place que prennent les sciences sociales dans la formation des acteurs. L’article invite les décideurs de ces sociétés, tout comme les acteurs des milieux scolaires et des institutions de formation des personnels (universités, hautes écoles, écoles supérieures du professorat et de l’éducation…), à se questionner sur la prise en compte de la diversité ethnoculturelle dans les programmes, les normes curriculaires, les contenus essentiels et la nature des savoirs, savoir-faire et savoir-être à développer. Il conclut que la recherche comparative gagnerait à recueillir systématiquement, dans ces quatre sociétés, des données autant auprès des formatrices et formateurs d’enseignants (stratégies pédagogiques, contenus et compétences visées) que des étudiantes finissantes et étudiants finissants (acquis et pertinence de la formation reçue), et de mesurer l’impact à long terme de ces enseignements sur les attitudes, les compétences professionnelles acquises, les pratiques effectives, ou les mécanismes de résistance des acteurs scolaires.
 
Le milieu scolaire québécois face aux défis de l’accueil des élèves réfugiés: quels enjeux pour la gouvernance scolaire et la formation des intervenants scolaires?
Titre du numéro : Pluralisme, équité et rapports ethniques dans la formation du personnel des milieux éducatifs
Autrices et auteur : Garine PAPAZIAN-ZOHRABIAN – Caterina MAMPRIN – Vanessa LEMIRE – Alyssa TURPIN-SAMSON – Ghayda HASSAN – Cécile ROUSSEAU – Ray AOUN
Pourquoi cet article a-t-il une grande importance dans votre domaine?
Cet article est l’un des rares écrits en français présentant des résultats d’une recherche-action menée d’une part en éducation, d’autre part dans un contexte francophone (Québec). De plus, c’est une des rares recherches menées auprès de jeunes élèves réfugiés syriens arrivés au Canada entre 2015 et 2017. Qui plus est, il touche des thématiques très peu abordées et étudiées en éducation, soit le bien-être psychologique des élèves et leur sentiment d’appartenance. Les résultats de la recherche et les enjeux dégagés pour la gouvernance scolaire et la formation des acteurs scolaires sont aussi considérés intéressants dans un contexte où les débats sur l’immigration, l’inclusion et les diversités ethnoculturelles et linguistiques sont d’actualité.
 
Quels sont les impacts et les retombées de cette étude sur la société?
L’article a été consulté par de nombreux acteurs scolaires et des décideurs politiques tant québécois que canadiens : Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, Immigration, Francisation et Intégration Québec, ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, Conseil supérieur de l’éducation (CSE). Il a déjà été cité de nombreuses fois, notamment dans l’avis récent du CSE « Le bien-être de l’enfant à l’école : faisons nos devoirs » (https://www.cse.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/2020/06/50-0524-AV-bien-etre-enfant-2.pdf). Les résultats de recherche parfois alarmants présentés dans cet article ont amené certains centres de services scolaires à se pencher sur le dossier de l’accueil et l’intégration des élèves réfugiés et des enjeux en lien avec le bien-être des élèves en général, ainsi que celui des élèves réfugiés et demandeurs d’asile en particulier.
 
Conceptualisation, symbolisation et interactions enseignante/ enseignant-élèves dans les apprentissages mathématiques : l’exemple de la généralisation
Titre du numéro : Les interactions sociales au service des apprentissages mathématiques
Autrices : Joëlle VLASSIS – Isabelle DEMONTY
Pourquoi cet article a-t-il une grande importance dans votre domaine?
Cet article propose un modèle de l’apprentissage des mathématiques fondé sur l’interaction de trois composantes fondamentales que sont les symbolisations, les objets mathématiques et les interactions sociales. Il défend l’idée que les apprentissages mathématiques émergeront d’activités orientées vers un but, dans lesquelles ce sont les interactions sociales médiatisées par divers types de symbolisations qui permettront aux élèves de donner du sens aux objets mathématiques. Cette perspective vient en rupture avec les approches constructivistes qui considèrent que c’est du milieu que naîtront les connaissances visées. L’article souligne en particulier l’importance des interactions entre le personnel enseignant et les élèves, un rapport qui n’a que très récemment attiré l’attention du milieu de la recherche. Or, c’est de la qualité de ces interactions que dépend la capacité des élèves à donner du sens aux objets mathématiques. Les interactions habituellement jugées efficaces sont celles qui visent à stimuler la réflexion des élèves, par exemple, en les encourageant à justifier leurs stratégies ou à établir des mises en relation. Mais ces échanges resteront infructueux s’ils ne se basent pas sur la pensée mathématique des élèves dont la connaissance permet d’interpréter leur compréhension et de décider comment réagir en fonction de cette compréhension.
Quels sont les impacts et les retombées de cette étude sur la société?
Le modèle d’apprentissage des mathématiques présenté dans l’article, qui définit une articulation étroite entre objets, symbolisations et interactions sociales, envisage une conception des symboles qui est peu courante dans la pratique des mathématiques en classe. De plus, en soulignant l’importance de la qualité et de l’efficacité des interactions entre le personnel enseignant et les élèves, l’article remet en lumière l’acte même d’enseigner. Il est en effet de la responsabilité du personnel enseignant de structurer de manière efficace les échanges avec les élèves sur la base, notamment, de la connaissance de la pensée mathématique des élèves.
Ces constats conduisent à envisager de futurs programmes de développement professionnel qui iraient cependant au-delà de la diffusion d’environnements significatifs ou de connaissances sur la pensée des élèves. Il conviendrait ainsi d’intégrer ces composantes dans un programme qui ciblerait la capacité du personnel enseignant à développer des interactions efficaces dans des activités significatives et médiatisées par divers types de symbolisations.
 
Apports et finalité de la géographie dans une formation de base. Réflexions et propositions
Titre du numéro : Éduquer aux sciences humaines
Autrice : Bernadette MÉRENNE-SCHOUMAKER
Pourquoi cet article a-t-il une grande importance dans votre domaine?
L’article porte sur la géographie, une discipline traversant présentement une crise d’identité qui ne manque pas d’ébranler les milieux scolaires. Il cherche à apporter une réponse à des questions que beaucoup d’enseignantes et enseignants, ou encore des responsables de programmes, se posent : quelle est la place de la géographie dans la formation initiale? Quelle géographie y enseigner? Quelle est la spécificité de la discipline par rapport aux autres sciences humaines? Mais aussi, quelle est l’utilité de l’éducation géographique?
Quels sont les impacts et les retombées de cette étude sur la société?
L’article met en évidence en quoi l’apprentissage de la géographie est utile aux futures citoyennes et futurs citoyens, autant sur le plan de leur comportement quotidien (habiter, se déplacer, consommer…) et sur celui de leur ouverture aux grands enjeux de notre temps. Il leur donne des clés de lecture et des outils (notamment les outils géo-numériques qui connaissent un fort développement) pour mieux comprendre, et dès lors, mieux agir. Il montre aussi que la géographie est avant tout « une matière à penser, à se questionner » en prenant en compte la dimension spatiale de chaque question ou de chaque problème afin de lire le monde dans toute sa complexité et non pas comme un catalogue de savoirs à mémoriser.