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La prédominance, voire le monopole d’usage, de la langue anglaise, ou plutôt du « globish », où elle s’abîme souvent elle-même, nous interpellent tous. 

Dans la dernière période de nombreux abus et illégalités ont été dénoncés par les salariés. (Le Peuple 1640 du 13 décembre 2006). La presse s’est faite l’écho de ces résistances et luttes syndicales, souvent victorieuses. Plusieurs fois des employeurs ont été condamnés et contraints par décision de justice à se conformer à la législation en vigueur quant à l’usage de la langue française comme langue de travail sur le territoire. 

Pourtant nous sommes loin du compte et dominent encore dans de nombreux groupes et entreprises, de dimension européenne et internationale, des pratiques discriminant, dans les pays francophones, la langue française. De la même manière, des entreprises ne respectent pas davantage les langues des pays où elles s’implantent ou avec qui elles commercent. 

Les conséquences? Conditions de sécurité et de travail dangereusement aggravées. Qualité des relations sociales dégradée. Vie des institutions représentatives entravée. Performances commerciales et économiques, contrairement aux discours de certains employeurs, à la vue courte, affaiblies. Constructions de solidarités vraies et solides entre les travailleurs de différents pays rendues plus difficiles. 

L’initiative syndicale que nous organisons se veut un temps d’échanges d’expériences pour démultiplier l’action dans les entreprises, mais en solidarité avec nos amis d’autres pays et d’autres organisations syndicales. Leur présence nous permettra d’élargir notre réflexion et de conjuguer nos efforts pour le respect de toutes les langues et pour que vive la persité des langues et donc des cultures. 

En juin 2007 la confédération CGT organisait les rencontres syndicales, «Français et plurilinguisme à l’entreprise », en présence de Francine Blanche, secrétaire confédérale.

Deux ans ont passé non sans enregistrer des évolutions conséquentes dans ces domaines de l’usage des langues à l’entreprise. D’une part, nous enregistrons une pression accrue de l’anglais tentant de s’imposer comme la langue de référence dans le monde du travail, en partie sous l’effet de la mondialisation et d’une recherche de réduction des coûts. D’autre part, des actions ont été menées par des syndicats dans certaines entreprises, des jugements se sont multipliés, reconnaissant l’obligation faite aux directions de permettre à l’ensemble des salariés un accès à des textes de référence rédigés en français. Jugements qui sont venus alimenter une jurisprudence favorable à l’usage du français. Cette tendance a ensuite conduit nombre de sociétés ou de groupes à prendre le chemin de négociations se concluant par des accords de même nature.

Nous sommes cependant encore loin du compte. Cette dimension de notre activité syndicale reste encore largement ignorée. Nous en connaissons pourtant les conséquences notamment sur les conditions de travail, l’augmentation du stress, la discrimination envers ceux qui maîtrisent le moins les langues étrangères et les conséquences négatives sur la sécurité au travail. Sans oublier que la non-maîtrise par les représentants du personnel de la langue d’usage de l’entreprise peut constituer une entrave sérieuse au droit syndical.

Par ailleurs, l’utilisation d’une langue mal maîtrisée par des travailleurs migrants permanents ou temporaires et l’impasse faite sur la formation à la langue du territoire sur lequel ils sont appelés à travailler ont des répercussions négatives sur le respect de la sécurité, des droits et des intérêts de ces salariés et leur capacité à se défendre.

L’accueil d’une délégation de la Fédération des Travailleurs et des Travailleuses du Québec (FTQ) est pour nous l’occasion de faire le point sur toutes ces évolutions, de nos luttes et de leurs prolongements envisageables. La FTQ avait participé à nos rencontres de 2007 et depuis, nous avons maintenu avec elle, des échanges fructueux, bien que nos activités respectives, dans ce domaine, s’inscrivent dans des réalités très différentes.

Si l’axe de cette initiative portera essentiellement sur la problématique de la défense de la langue française à l’entreprise, nous intégrons celle-ci dans une démarche plus large de défense et d’accès de chaque salarié à des documents d’entreprise rédigés dans la langue du pays, comme de l’usage des langues des participants dans toutes les rencontres internationales. De la même manière, nous sommes également attentifs à faire en sorte que les entreprises respectent ailleurs les langues des pays où elles s’implantent.

Conçu comme une étape sur une des thématiques de cet épais dossier du plurilinguisme, l’initiative syndicale que nous organisons sera un temps de bilan, d’échanges de nos expériences et de nos pratiques sur l’usage du français à l’entreprise. Nous souhaitons ainsi ouvrir des perspectives pour l’avenir en intégrant notamment la proposition de la FTQ de création d’un portail Internet de défense de la langue française en direction des salariés de l’aéronautique de nos deux pays.