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Conflit sur ligne de piquetage

Des conflits de travail amènent des groupes de travailleurs à manifester leur insatisfaction ou à exprimer leurs revendications. Peut-on avoir recours aux termes piqueter, piquetage, ligne de piquetage, piqueteur et piqueteuse pour rendre compte de cette réalité? Nous croyons que oui.
 
Ces termes propres au français québécois sont bien formés et utiles. Ils relèvent d’un registre tout à fait neutre; on les trouve attestés notamment dans des textes administratifs ou juridiques, dans le domaine des relations de travail comme dans la langue courante. Qu’ils aient été traduits de l’anglais (to picket, picketing, picket line ou picketer) ou qu’ils résultent d’un développement sémantique semblable à celui qu’a connu, en français, le mot piquet pour en arriver à s’employer dans la locution piquet de grève, on ne peut leur reprocher leur construction. Le verbe piqueter existe déjà en français au sens de « jalonner, établir un alignement à l’aide de piquets » et le substantif correspondant piquetage désigne l’action de planter de tels piquets ou le résultat de cette action. Quant à la locution ligne de piquetage, ligne y est employé dans le sens tout à fait français de « suite alignée de personnes placées côte à côte » et prend tout son sens dans l’expression franchir une ligne de piquetage. Rien n’empêche cependant de parler de cordon ou de barrage de grévistes, ou de piquet de grève qui est effectivement assez bien attesté au Québec. On ne peut que souhaiter disposer de plus de vocables pour traduire sa pensée ou varier son discours.
 
Certains, au Québec, sont réticents à admettre ces termes. Pourtant, ils constituent une famille lexicale simple et dans laquelle chacune des formes exprime une notion distincte et complémentaire, ce qui présente indéniablement un avantage sur la dénomination piquet de grève, généralement employée ailleurs dans la francophonie, qui peut servir à nommer à la fois l’action (le piquetage), le résultat (la ligne de piquetage) et les grévistes (les piqueteurs). En outre, pour rendre l’idée de se masser ou de déambuler, contenue dans le simple verbe piqueter, il faut recourir à des expressions du type ériger, installer, tenir un piquet de grève. À cela s’ajoute le fait que piqueter, piquetage et piqueteur, contrairement à piquet de grève, ne sont pas aussi étroitement rattachés à grève et peuvent s’employer aussi bien dans un contexte de lock-out que de grève.
 
À l’appui de ces explications, nous rappelons que l’Office a approuvé ces termes il y a déjà une quinzaine d’années, qu’ils sont largement répandus dans l’usage et qu’ils sont notamment consignés dans des banques de terminologie, des lexiques spécialisés ainsi que dans des dictionnaires québécois et français (qui les signalent comme étant propres au Québec). Alors, n’ayons pas peur des mots, du moins de ceux-là!
 
Les fiches piquetage, ligne de piquetage, piqueter et piqueteur sont consultables dans le Grand dictionnaire terminologique.
 

 
Source : Office québécois de la langue française (OQLF)
Consultez la page Conflit sur ligne de piquetage

 

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