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Où va la toponymie au Collège de Valleyfield?

 

La direction du Collège de Valleyfield a suggéré un changement d'appellation de son établissement d'enseignement. Un comité de toponymie mis sur pied à cet effet a proposé de remplacer le mot « collège» par celui de cégep. L’association étudiante et le syndicat des professeurs ont rejeté cette suggestion.

La formation du comité de toponymie s’explique pour l’étude de l’appellation du nom de cette institution qui comporte un nom de lieu. Ce qui est renversant, c’est que ce comité se soit limité au remplacement du  générique « collège », une question de vocabulaire, et qu’il ne se soit pas interrogé sur la correction et la pertinence du spécifique « Valleyfield », une question de toponymie extrêmement préoccupante. En effet, ce nom fait vraiment problème, puisque ce toponyme n’existe pas au Québec. Que fait-il dans l’appellation d’une maison d’éducation réputée, située dans une ville appelée légalement Salaberry-de-Valleyfield depuis 1874?

Pendant plusieurs années, le nom Salaberry a été supplanté par ce­ lui de Valleyfield dans l’administration publique et dans l’usage populaire. Les francophones ont perdu la mémoire du vainqueur de la bataille de Châteauguay du 26 octobre 1813 pour ne retenir que celui d’une entreprise manufacturière d’Écosse établie ici en 1854, The Valleyfield Paper Mills, prôné par la minorité anglaise. Voilà une réalité humiliante pour les francophones.

Heureusement, il y a eu une prise de conscience il y a quelques années. Le nom Salaberry a refait surface. L’appellation légale de la ville est revenue dans l’usage après avoir été oubliée au profit de Valleyfield par bien des gens, y compris par le gouvernement du Québec. Notre association en fait la promotion avec succès depuis des décennies, mais il reste quelques anachronismes scandaleux à éliminer, tels Collège de Valleyfield, diocèse de Valleyfield, port de Valleyfield, etc.

Si L’on souhaite corriger une appellation erronée et respecter l’histoire, que L’on s’attarde d’abord à écarter Valleyfield au profit de Salaberry-de-Valleyfield, ce qui devrait faire consensus dans ce milieu intellectuel. Pourra alors s’amorcer la discussion sur le choix entre collège et cégep.


Texte de Robert Robert Auclair, fondateur de L’ASULF, paru dans Travailler avec les mots, FTQ, printemps 2015
(Source : Commission de toponymie)

L’Association pour le soutien et l’usage de la langue française (ASULF), fondée par Robert Auclair en 1986, est une association qui milite en faveur de la qualité de la langue française au Québec. L'ASULF a entre autres objectifs celui de sensibiliser les organismes publics à l’utilisation d’une langue de qualité.

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