AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE

Lettre à Pouria Amirshahi - par Claude Weisz le 27/05/2013 - 22:25

Lundi, 27 Mai, 2013

Lettre à Pouria Amirshahi après l'adoption de l'article 2
de la loi sur l'enseignement supérieur et les universités.

Claude Weisz
Bobigny, le 23 mai 2013

Monsieur Pouria Amirshahi

Vous me voyez navré et courroucé par le compromis que vous avez accepté dans la rédaction de l'article 2 de la loi sur l'enseignement supérieur.

Vous savez certainement que ce garde-fou n'empêchera nullement la dérive vers le tout anglais, et la relégation du français dans la catégorie : langue inutile.

Lorsque mes amis québécois débarquent en France, ils sont horrifiés de l'anglo américanisation foudroyante de la société française.

Je suis scandalisé par la désertification de l'hémicycle du palais Bourbon lors de l'intervention du député UMP Daniel Fasquelle.

Par l'arrogance de la ministre Madame Fioraso.

Par l'intervention du porte-parole du PS Thierry Mandon – honteuse -"la phobie des étudiants étrangers" Oui, depuis il a présenté ses excuses. (Peut-être sa profession : consultant en stratégie d'entreprise et gestion des ressources humaines le prédisposait à de tels "dérapages verbaux")

C’est comme homme de gauche que je m’interroge, franchement,

Pourquoi faut-il passer de Pécresse en Fioraso ?

Céder - après Jeanne d'Arc, la Marseillaise, la classe ouvrière - la défense de la langue française à l'extrême droite ?

Pourquoi investir dans le mirage du néolibéralisme anglo-saxon et abandonner ce qui a fait que la France est le terreau de l'esprit révolutionnaire.

Quelle richesse que des écrivains tels que Samuel Becket ou Milan Kundera jusqu’à l'Américain Jonathan Littell, pour ne citer qu’eux, aient choisi le français pour développer leur œuvre. Et vous-même n'en êtes-vous pas un bel exemple ?

Pour moi cette reddition résonne comme un triste rappel, celui d'une assemblée qui accorda les pleins pouvoirs à Pétain.

L'argumentaire de Yamina Benguigui est un modèle du genre duplicité-"tout va bien et de mieux en mieux, croyez-moi je m'en occupe, j'ai visité 35 pays etc."

Paradoxalement dans le même entretien elle remarque que le français est en recul en Europe et un peu ailleurs aussi !

En Europe, dans les pays où s'enseigne encore une deuxième langue au lycée, c'est l'allemand qui est choisi aux dépens du français.

Au Royaume-Uni, comme aux États-Unis, dans l'enseignement secondaire l’apprentissage d'une langue étrangère est au mieux optionnel.

Je suis en colère, excusez-moi…

Je vous prie de trouver ici l'expression de ma sympathie attristée.

Claude Weisz