Message syndical – FMLF 2015 Liège

Le réseau de la francophonie syndicale de la confédération syndicale internationale (organisation qui représente 176 millions de travailleuses et de travailleurs au travers de 328 organisations nationales affiliées dans 162 pays et territoires) salue la tenue du Forum mondial de la langue française. 

Cette rencontre internationale constitue une grande opportunité pour les citoyens et citoyennes francophones du monde entier pour réfléchir ensemble aux valeurs véhiculées par la Francophonie.
Pour nous, celles-ci touchent aux questions de citoyenneté, égalité, justice sociale, solidarité et du français en partage. 

Le réseau de la Francophonie Syndicale condamne néanmoins qu’à l’heure de la mondialisation, alors que les mouvements sociaux et les syndicats ont plus que jamais besoin de se rencontrer et de collaborer, des syndicalistes d’Afrique et d’Haïti n’ont pu obtenir leur visa pour se rendre au Forum et contribuer à ses travaux, afin que celui-ci représente toutes les diversités du monde du travail de l’espace francophone. Cette question devra à tout prix être prioritaire pour les prochaines éditions. 

Le réseau de la Francophonie Syndicale, parce qu’il représente toutes les travailleuses et tous travailleurs de l’espace francophone, attend que les conclusions et messages émanant du Forum mondial de la langue française 2015 intègrent les résultats et propositions suivantes :

Langue comme condition de travail

Les syndicats ont pris l’initiative de porter les enjeux liés au français comme condition de travail. Ils ont réussi à mettre en place des outils et des programmes de formation, souvent spécifiques aux secteurs ou professions, et parviennent à négocier la prise en compte des enjeux par l’employeur. Les syndicats sont aussi les partenaires d’une action en alphabétisation. Globalement, ces formations permettent d’accroître les compétences des travailleuses et travailleurs. La traduction du matériel en français rend les milieux de travail plus sécuritaire pour les travailleurs et travailleuses de l’espace francophone, clients ou usagers. Pour l’entreprise, les retombées peuvent être très positives également, en terme de réputation, de productivité, d’amélioration de la santé et sécurité, etc.

Il reste cependant de grands défis : les organisations, les gouvernements et les entreprises ne respectent pas toujours les lois linguistiques (ex : Loi Toubon en France et Charte de la langue française au Québec). Il en est de leur responsabilité de faire la promotion des lois linguistiques qui sont peu connues par les travailleurs et travailleuses.
Comme la mondialisation accroît la pression sur les salariés à l’utilisation de la langue de l‘employeur, nous croyons que l’Organisation Internationale de la Francophonie devrait faire du français comme langue du travail un enjeu prioritaire à porter auprès des employeurs et des gouvernements.

Les démarches syndicales contribuent à briser l’isolement et la souffrance des travailleurs et travailleuses et elle favorise l’intégration des personnes immigrantes à leur société d’accueil.
Le rôle des syndicats pour faire respecter le droit de travailler en français devrait être soutenu et reconnu.

La langue comme porteuse des récits du monde du travail

La langue est vectrice de représentation. Il nous revient de préserver et développer sa diversité issue de nos réalités culturelles (géographiques, professionnelles…), de préserver la coexistence avec les langues locales. Parce qu’elle est force de représentation, elle est aussi espace de la bataille idéologique où se confronte un monde de l’individualisme et de la propriété face aux valeurs de la solidarité et de la justice sociale.

Il faut d’abord s’entendre, se voir, pour être solidaire. La langue est un moyen permettant au mouvement syndical de susciter le surgissement du récit. Cela engage toutes les phases de l’action syndicale, la rencontre des travailleurs et travailleuses sur le lieu du travail, l’élaboration des revendications et de moyens de l’action, la formation syndicale et professionnelle…

Ces récits ont besoin d’être représentés pour être partagés, confrontés, d’où la nécessité de leur représentation artistique. Le partage d’expériences d’acteurs de démarches artistiques nous a révélé combien nous avions des préoccupations communes de représentation du travail et des luttes sociales, de démocratie, au service de la transformation sociale et de l’émancipation.

Francophonie syndicale, opportunité de solidarité internationale

La Francophonie doit tenir compte des enjeux spécifiques liés à la langue en partage dans le domaine de la solidarité internationale et de la contribution unique et essentielle des organisations syndicales.

Il y a des enjeux de sous-financement des organisations représentatives des travailleuses et travailleurs dans la francophonie. Toutefois, la solidarité internationale va au-delà.

Les organisations syndicales entretiennent des relations de solidarité qui visent la mise en œuvre de relations horizontales dépassant les rapports Nord-Sud, et le soutien réciproque aux luttes menées pour le travail décent et pour le respect des droits de l’homme et syndicaux.

La Francophonie devrait nous permettre d’élargir les initiatives syndicales et de créer de nouvelles passerelles entre des peuples et des organisations.