AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE

Les Rendez-vous se veulent un outil de promotion du fait français au Canada

Auteur: 
Pierre Vallée, Le Devoir.com

C’est l’auteur-compositeur-interprète Damien Robitaille, d’origine franco-ontarienne, qui agit cette année comme porte-parole des Rendez-vous de la Francophonie (RVF), cette fête pancanadienne célébrant le fait français au Canada qui se déroule du 7 au 23 mars
 
A-t-il été surpris, Damien Robitaille, que l’on ait voulu lui confier pareil rôle, celui d’être un porte-parole d’une francophonie, la canadienne ? « Honnêtement, non, répond-il. Depuis le début de ma carrière, j’ai toujours voulu mettre en lumière les communautés francophones hors Québec et, en quelque sorte, les représenter. Mon rôle de porte-parole des Rendez-vous de la Francophonie est parfaitement conforme à mon engagement envers les communautés francophones canadiennes. »
 
D’ailleurs, l’importance des Rendez-vous de la Francophonie ne fait pas de doute dans son esprit. « Les Rendez-vous sont essentiels. Auparavant, les communautés francophones ne se parlaient pas entre elles. Chacune fonctionnait en vase clos dans son coin de pays. Il faut briser ces murs entre les communautés francophones et tisser davantage de liens. Les Rendez-vous sont une occasion de le faire. »
 
Car, isolement, il y a bel et bien. « Dans mon village natal de Lafontaine, à la baie Georgienne en Ontario, nous parlions français. Mais, jeune, je ne savais pas que d’autres que nous le parlaient aussi. Je ne savais pas qu’il y avait des francophones ailleurs, comme à Sudbury ou à Ottawa, encore moins au Manitoba ou au Nouveau-Brunswick. Et le Québec était une vague et lointaine contrée. Les choses se sont certes améliorées depuis ce temps, mais le sentiment d’isolement des communautés francophones hors Québec demeure malgré tout. Et toutes les occasions de le briser sont bonnes. »
 
Le rôle du Québec
 
Damien Robitaille estime que le Québec ne devrait pas se gêner pour faire partie de la fête. « Lorsque je me suis installé à Montréal, il y a dix ans, les Québécois que je rencontrais trouvaient que j’avais un accent quand je parlais français. Certains trouvaient ça exotique, mais personne n’arrivait à identifier correctement l’accent. On me demandait si je venais du Nouveau-Brunswick, ou peut-être même de Saint-Boniface. Et quand je leur répondais que je venais de l’Ontario, ils étaient tous surpris. Rares étaient les Québécois qui étaient au courant qu’il y avait des francophones en Ontario. D’ailleurs, depuis que je suis au Québec, je n’ai jamais caché mes origines franco-ontariennes, bien au contraire, et j’ai toujours fait la promotion des communautés francophones hors Québec. »
 
Mais il constate aujourd’hui que les choses ont évolué. « Avec le temps, je me rends compte que ça s’est grandement amélioré. Je sens que les Québécois ont de plus en plus d’ouverture envers les communautés francophones hors Québec. À preuve, l’accueil que les Québécois font maintenant aux artistes francophones issus de ces communautés, comme moi. Les Rendez-vous de la Francophonie sont une occasion pour les Québécois de mieux connaître ces communautés. Trop souvent, les communautés francophones hors Québec ont l’impression de ne pas compter aux yeux des Québécois, parfois, elles se sentent même un peu rejetées. Un rapprochement de la part des Québécois viendrait corriger cette impression. »
 
Promotion du fait français
 
C’est avec cette idée de rapprochement en tête que Damien Robitaille voit dans les Rendez-vous de la Francophonie un outil de promotion du fait français au Canada, peu importe où il se manifeste. « Que vous soyez Québécois, ou Acadien, ou Franco-Ontarien, ou Franco-Manitobain, peu importe votre région, vous êtes d’abord un francophone. C’est votre langue et votre culture. Ou, devrais-je dire, notre langue et notre culture, car à la base, on provient tous de la même place. On n’est pas seulement Franco-Ontarien ou Québécois, on appartient tous à la grande famille canadienne-française. Et les Rendez-vous nous permettent de nous le rappeler. »
 
De plus, pour les communautés francophones hors Québec, les Rendez-vous de la Francophonie sont un outil de consolidation. « Il faut toujours garder à l’esprit que vivre en français hors du Québec exige de la volonté et de l’effort. C’est un choix que les francophones hors Québec font sciemment. Toutes les occasions de souligner cet effort, tous les gestes faisant la promotion de la culture francophone, toutes les activités permettant à ces communautés de se rassembler sont autant de moyens de consolider les communautés francophones et la culture française. »
 
Et cette célébration de la culture française en sol canadien se doit d’être la plus ouverte possible. « Il ne faut pas mettre de barrières, plutôt, il faut ouvrir les portes. Il ne s’agit pas de célébrer le fait français entre francophones seulement, il faut y convier aussi les anglophones et les francophiles. Il faut être en mesure de démontrer que non seulement il est possible de vivre en français, mais que c’est aussi agréable de le faire. Je rêve du jour où parler français apparaîtrait aux yeux de tous aussi cool que de parler l’anglais. »
 
Pour la suite des choses
 
Damien Robitaille participera à la soirée d’ouverture des Rendez-vous de la Francophonie. Ensuite, il s’envolera vers la France, où des spectacles prévus à l’horaire l’attendent. De retour au Québec, il reprendra la tournée de son dernier disque Omniprésent. De plus, on pourra voir Damien Robitaille à l’écran dans le documentaire Un rêve américain, du réalisateur Bruno Boulianne.
 
Dans ce film, Damien Robitaille sillonne les États-Unis à la recherche de traces francophones qui ont façonné le territoire. Une autre façon pour lui de souligner l’importante contribution des francophones dans la construction de ce nouveau continent qu’est l’Amérique du Nord.