Centre Yves-Thériault
Centre Yves-Thériault
Centre Yves-Thériault - La francisation est un premier pas vers l’intégration
Pour les immigrants qui ne maîtrisent pas le français, les cours de francisation sont bien souvent le salut. L’apprentissage leur permet de se débrouiller dans leur quotidien au Québec, mais aussi de parfaire leur formation et d’intégrer le marché du travail.
Certains immigrants qui franchissent la porte du Centre Yves-Thériault, dans le nord-est de Montréal, n’ont jamais tenu un crayon dans leur main. D’autres ont une profession dans leur pays d’origine et ont besoin d’apprendre le français pour obtenir leur droit de pratique au Québec. C’est avec ce profil d’étudiants diversifiés provenant d’environ 75 pays différents que ce centre dédié à la francisation de la Commission scolaire de Montréal tente de faciliter le chemin vers l’intégration.
« Les immigrants veulent faire partie de la population active, donc c’est absolument nécessaire qu’ils apprennent le français », indique Caroline Boucher, directrice du Centre Yves-Thériault.
On compte actuellement plus de 1200 élèves non francophones inscrits au centre et 78 groupes offerts à des gens de différents niveaux sous différentes formules pour répondre à des besoins variés.
Il leur faut toutefois de la volonté. « Seulement 30 % de nos élèves sont envoyés par le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles ou par Emploi-Québec, qui leur donne une allocation pour qu’ils apprennent le français, indique Mme Boucher. Avant, ils étaient 67 %, mais il y a eu des coupes dans les budgets. Les autres viennent par eux-mêmes, et souvent, ils travaillent le reste du temps ou doivent être fonctionnels rapidement parce qu’ils ont leur famille à faire vivre, donc c’est difficile. »
Environ 3600 élèves passent par le Centre Yves-Thériault annuellement, mais Caroline Boucher remarque une baisse de la clientèle cette année.
Apprendre un métier semi-spécialisé
Comme plusieurs immigrants arrivaient au Centre Yves-Thériault avec le besoin urgent de s’insérer sur le marché de l’emploi, un partenariat a été créé avec le Centre Champagnat, spécialisé dans les formations pour des adultes avec des besoins spécialisés. Les immigrants peuvent ainsi apprendre en même temps un métier semi-spécialisé et des notions de base en français reliées au métier.
« Cet automne, une première cohorte d’élèves a appris le service à la clientèle au Centre Champagnat, explique Caroline Boucher. Elle a terminé en avril et 90 % des élèves se sont trouvé un emploi par la suite. Ils travaillent par exemple dans des épiceries, ou encore dans des centres d’appels. Pour les immigrants qui ont peu de scolarité, ce sont des emplois intéressants. Le centre offre toujours des programmes pour apprendre des métiers pour lesquels les perspectives d’emploi sont bonnes. »
Une cohorte de futurs aides-cuisiniers est actuellement en formation et sera prête pour le marché de l’emploi à la fin de l’été.
Le centre est aussi en lien avec le Centre William-Hingston dans le quartier Parc-Extension, qui offre pour sa part, toujours en partenariat avec le Centre Champagnat, une formation d’aide-éducatrice en garderie. « Nous nous recommandons des élèves intéressés à nos différents programmes », précise Mme Boucher.
Pour les analphabètes
Les immigrants analphabètes dans leur langue maternelle sont un défi particulier pour le Centre Yves-Thériault. « Certains n’ont jamais tenu un crayon dans leur main, donc nous les plaçons dans nos groupes particuliers de francisation alpha, explique Caroline Boucher. Nous commençons par leur apprendre une base de français oral, puis les bases de l’écrit. Nous avons dû développer d’autres façons d’apprendre pour eux parce que sinon, ils n’étaient pas capables de suivre. Ensuite, nous travaillons avec Emploi-Québec pour que ces gens se trouvent un petit emploi. Nous souhaitons que les entreprises d’insertion fassent une place à cette clientèle. »
Pour mieux répondre aux besoins de cette clientèle analphabète qui a besoin de s’intégrer sur le marché du travail, le Centre Yves-Thériault est en train de développer un nouveau projet avec le Centre Champagnat. « Nous souhaitons mettre en place le programme Objectif travail, où les élèves pourront choisir un métier semi-spécialisé et aller l’apprendre dans un milieu de stage. Le défi, c’est d’adapter notre volet francisation, qu’il faudra offrir pour tous les milieux de travail choisis par les élèves d’un groupe. Nous travaillons à trouver des solutions », explique la directrice, qui compte offrir le programme l’an prochain.
Au-delà de la francisation
Le Centre Yves-Thériault souhaite favoriser l’intégration de ses élèves de différentes façons. Par exemple, il a créé un conseil étudiant. « Cela familiarise à la démocratie ceux qui n’y sont pas habitués, explique Caroline Boucher. L’an dernier, le conseil nous a demandé d’offrir un cours de préparation au test de français international pour les non-francophones qui est exigé par des universités et des employeurs. Donc, cette année, nous l’offrons. »
Les élèves participent aussi à différentes activités organisées par le centre. « Nous leur faisons découvrir la culture et la société québécoises », indique Mme Boucher.
À la fin de leur parcours de francisation, les conseillers en formation scolaire du centre rencontrent les élèves individuellement. « On établit avec chacun un plan pour orienter la personne selon son profil de compétence. Ainsi, d’autres organismes peuvent prendre la relève après nous », explique Mme Boucher.
Par exemple, le Comité d’adaptation de la main-d’oeuvre pour les personnes immigrantes (CAMO-PI) aide les immigrants à faire reconnaître leurs compétences et à obtenir une certification de qualification professionnelle.
On recommandera à d’autres élèves de poursuivre leur démarche dans un centre d’alphabétisation.
Collaboratrice