Des anglophones moins bilingues que la moyenne

Des anglophones moins bilingues que la moyenne

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Source : PHILIPPE ORFALI, Le Droit
Vivant dans une région résolument bilingue, les Anglo-Québécois de l'Outaouais sont pourtant considérablement moins aptes dans les deux langues officielles que ceux de l'ensemble du Québec, révèlent des données compilées par Statistique Canada à la demande du Droit. 

Alors qu'à l'échelle de la Belle Province, près de 61 % des Québécois de langue anglaise se disent en mesure de mener une conversation dans l'autre langue officielle, seuls 54 % des Anglo-Québécois de l'Outaouais seraient en mesure de faire de même. 
 

La tendance est inverse du côté d'Ottawa, la région comptant davantage d'anglophones bilingues - plus d'un sur quatre - que l'Ontario. Dans l'ensemble de la province, seulement 7,2 % des anglophones pourraient parler suffisamment le français pour entretenir une conversation. 

« Cela témoigne d'une dynamique très particulière du bilinguisme dans la région de la capitale nationale, souligne le sociologue Jean-François Lepage, analyste à la section des statistiques linguistiques de Statistique Canada. C'est le portrait d'une région de fort contact (entre deux groupes linguistiques). Ce qui est étonnant, c'est que les anglophones soient en dessous de la moyenne québécoise. » 

À Gatineau, la proportion d'anglophones capables de parler le français aurait chuté de 3 % en dix ans, indique le rapport. Une diminution à traiter avec prudence, selon M. Lepage, les frontières de la région métropolitaine de recensement d'Ottawa-Gatineau ayant changé depuis 2001. 

Le bilinguisme chez les francophones, tant à Ottawa qu'à Gatineau, demeure quant à lui la norme : 90 % des résidents francophones de la région d'Ottawa seraient bilingues, contre 64,6 % dans la région de Gatineau. 

Toutes langues confondues, Ottawa-Gatineau compte près de 45 % de personnes bilingues. Statistique Canada révélait la semaine dernière que 17,5 % de la population canadienne auraient une certaine maîtrise des deux langues. Un léger déclin par rapport à la décennie précédente, et un premier recul après 40 ans de croissance. 

Difficile à expliquer 

Noël Gates, le président de l'Association régionale des West Quebecers, s'explique difficilement cet écart entre la moyenne provinciale et les données outaouaises en matière de bilinguisme. 

« Il n'y a pas d'explication facile, et il m'apparaît nécessaire de mener des recherches plus détaillées. Cela commence à l'école. Ce que l'on sait, au Québec, c'est que la jeune génération d'anglophones est beaucoup plus intéressée à l'apprentissage du français que ne l'étaient les générations antérieures. »