AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE

Lutter contre l'insécurité linguistique des francophones

Auteur: 
Radio-Canada

Un des thèmes principaux abordés au troisième Sommet de l'éducation, qui s'est déroulé au début du mois de mai à Ottawa, se nomme «insécurité linguistique». Selon les participants, de nombreux francophones qui vivent en milieu minoritaire au Canada se sentent jugés sur la qualité de leur français ou leur accent.
 
Ce rassemblement a été l’occasion de mettre des mots sur un phénomène ancien et connu, selon Justin Johnson, président de la Fédération de la jeunesse canadienne-française.
 
«On vit de l’insécurité linguistique partout au pays, mais on n’a, surtout, pas les moyens de bien expliquer ce problème. On doit trouver des solutions et développer une stratégie nationale sur la sécurité linguistique».
 
Le phénomène préoccupe aussi le commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau, qui a publié un billet sur la question sur son blogue cette semaine.
 
«L’insécurité linguistique, il n’y a pas que les jeunes qui en souffrent. C’est aussi quand les jeunes arrivent à l’âge adulte décident de ne plus parler français parce que c’est trop compliqué. C’est là qu’on glisse vers l’assimilation», souligne-t-il.
 
Selon lui, la situation est un frein à l’épanouissement de la francophonie canadienne. En Ontario, il affirme qu'elle est notamment un obstacle pour l’obtention de services en français.
 
«Il y a des francophones qui hésitent à demander des services en français parce que le français de leur interlocuteur va être meilleur que le leur, c’est ce qu’ils pensent», raconte M. Boileau.
 
Comment remédier à la situation?
 
La sensibilisation, d’abord, estime M. Boileau, mais aussi comprendre que le français pour les jeunes s’assimile surtout à une langue de travail, il faut donc le sortir dans cet environnement et «le rendre le français plus ludique, plus intéressant, plus dynamique, le rendre cool!».
 
On ne parle pas le français parce qu’il le faut, mais parce que c’est plaisant, c’est ça le déclic. -François Boileau, commissaire aux services en français de l'Ontario
 
Pour M. Johnson, il faut aussi développer une pédagogie et un vocabulaire social de langue.
 
Ils peuvent bien écrire en salle de classe, mais ils doivent être en mesure de rire et de pleurer en français. -Justin Johnson, président de la Fédération de la jeunesse canadienne-française
 
«En définitive, l’important, c’est qu’on se comprenne, tout simplement», conclut François Boileau.