AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE
Nouveau coup de pouce orthographique pour les enseignants du primaire
«Poule», «beaucoup» et «maman» en première année du primaire. «Amour», «choix», «guerre» en troisième; et en sixième, les enfants devront savoir écrire correctement «taxe», «pétrole» et «idiot». Le ministère de l'Éducation a publié le mois dernier une liste orthographique de quelque 2700 mots à l'usage des enseignants du primaire. Cette liste était attendue depuis longtemps dans le milieu.
Concoctée par des équipes de recherche en linguistique et didactique du français de l'Université de Sherbrooke et celle de Montréal, la liste indique, sans être obligatoire, quels mots devraient être appris à chaque niveau du primaire.
Il s'agit d'un coup de pouce important pour les professeurs qui n'avaient pas d'outil de référence commun pour encadrer leur enseignement, selon la présidente de l'Association québécoise des professeurs de français (AQPF), Suzanne Richard. «Il était à peu près temps!» s'exclame-t-elle, rappelant qu'il s'agit d'une demande de longue date du milieu. De telles compilations ont déjà existé dans le passé, mais cela fait plus de 20 ans qu'elles avaient disparu.
Les spécialistes de la langue se sont appuyés sur des ouvrages de référence, dont des oeuvres littéraires consacrées aux jeunes, pour sélectionner les mots en fonction de leur fréquence d'utilisation. Ce critère a d'ailleurs primé la difficulté ou la facilité orthographique, explique le document du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS). Par exemple, «aujourd'hui», «chez» ou «vers» à l'orthographe plus corsée, se trouvent dans la liste du 1er cycle alors que «angle» et «roman», plus faciles à écrire, sont dans celle du 3e cycle.
Objectif de 3000 mots
Le MELS juge qu'à la fin du primaire, les jeunes devraient avoir appris 3000 mots, dont 500 au premier cycle, le double au second et 1500 au troisième. La liste en compte 2642 afin de laisser une certaine marge de manoeuvre aux enseignants. À noter, un nombre de mots plus important a été retenu pour la cinquième année afin de tenir compte de la possibilité d'offrir l'enseignement intensif de l'anglais langue seconde en sixième année et «conséquemment, de réduire le temps alloué à l'enseignement du français», précise le MELS. Ainsi, dans leur dernière année du primaire, les jeunes devraient apprendre 531 mots contre 822 l'année précédente.
La linguiste de l'Université de Montréal et spécialiste des rectifications de l'orthographe du français, Chantal Contant, se réjouit particulièrement que la liste de mots inclue ceux à l'orthographe rectifiée. Indiqués par l'abréviation «or» dans le document, ils sont mis sur un pied d'égalité avec leur ancienne version, toujours valide. Par exemple, en vertu des nouvelles règles, les mots qui ont un accent circonflexe sur le «i» et le «u», comme «goût» et «août» le perdent. Aussi, les élèves qui doivent apprendre le mot «asseoir» en quatrième année du primaire peuvent aussi l'écrire «assoir».
«Cela confirme à tous les professeurs du Québec que le MELS accepte la nouvelle orthographe», fait valoir Mme Contant, qui précise que celle-ci est acceptée depuis 2009 dans les épreuves ministérielles en français. La professeure en didactique de l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), Carole Fisher, aurait quant à elle aimé que seule la version mise à jour des mots apparaisse dans la liste. «Cela aurait été un pas courageux», fait valoir celle qui salue toutefois l'initiative de Québec et la méthodologie utilisée pour créer le guide de référence.
La liste est disponible à l'adresse http://www.franqus.ca/MELS/liste_orthographique/outil_de_recherche/