AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE

Protection du français - La CAQ refuse d'appuyer la motion du PQ

Auteur: 
Le Courrier parlementaire

Une longue motion du mercredi a été débattue hier après-midi réclamant de l’Assemblée nationale qu’elle reconnaisse la primauté du français, langue officielle, toujours un sujet sensible. Entre autres, le texte du PQ demandait au gouvernement de proposer une modification législative apportant les correctifs nécessaires à la Charte de la langue française afin d’obliger minimalement l’inclusion d’un descriptif français aux marques de commerce non francophones.»

Selon cette motion, le français subit une érosion dans certains secteurs de la société notamment en matière de langue de travail. Aussi elle exigeait du gouvernement qu’il fasse en sorte que les dispositions de cette Loi 101 s’étendent aux entreprises québécoises de 26 à 49 employés. La motion a été battue par 78 votes à 27. Le PQ a reçu l’appui de Québec solidaire, alors que la CAQ s’est alliée aux libéraux ce qui a été dénoncé par le Parti Québécois.

Non aux contraintes
La députée Claire Samson de la Coalition Avenir Québec a expliqué le refus de son parti d’appuyer la motion du PQ. «La coalition s’objecte à l’adoption des mesures visant à contraindre les enfants de militaires à fréquenter l’école française, à restreindre l’accès aux cégeps anglophones pour les étudiantes, à retirer arbitrairement le statut bilingue des municipalités sans l’assentiment du conseil municipal de ces dernières, et à imposer des mesures contraignantes pour entreprises de 25 à 49 employés. À ce titre, nous croyons qu’il faut encourager les entreprises à se franciser en proposant des mesures incitatives plutôt que d’imposer des mesures contraignantes», a-t-elle déclaré.

Acquis fragiles
«Malgré les acquis, des acquis bien réels, mais fragiles, les défis sont toujours les mêmes aujourd’hui», estime le député péquiste et porteur de la motion, Maka Kotto. «Dans le seul État français en Amérique du Nord qui, avec seulement 2 % de sa population totale, doit survivre et s’imposer dans une mer anglophone de quelque 350 millions d’habitants, l’État québécois doit encore et toujours prendre toutes les mesures qui s’imposent pour maintenir et faire rayonner le fait français sur notre continent»,

Selon lui, Philippe Couillard devrait commencer par donner l’exemple en faisant ses discours en français quand il est à l’étranger contrairement à ce qu’il a fait en Islande. «Si le premier ministre ne parle pas français lorsqu’il représente notre peuple sur des tribunes internationales, est-ce qu’il donne le meilleur exemple à nos concitoyennes et nos concitoyens qui font des affaires ou qui travaillent dans d’autres pays à travers le monde?», interroge-t-il. M. Kotto a accusé le Parti libéral de bloquer systématiquement tous les efforts du Parti Québécois de renforcer la Loi 101. De plus, entre 2003 et 2012, le PLQ «n’a rien proposé de concret en matière de langue». Quant au français sur les lieux de travail une étude publiée «en 2012, soulignait que 63 % des travailleurs québécois ont recours à l’anglais, à un degré où à un autre, dans leur milieu de travail».

Au coeur des actions
«La protection et la promotion du français ont toujours été au coeur des actions des gouvernements libéraux», s’est défendu la ministre Hélène David, responsable du dossier de la Charte de la langue française. «Nous célébrons le 41e anniversaire, de la proclamation du français à titre de langue officielle du Québec par le gouvernement de Robert Bourassa.»

Déterminée à démontrer que le gouvernement Couillard agit, elle vante son plan culturel numérique qui fait des jaloux, «un investissement de 110 millions $ sur sept ans» permettra «au Québec d’avoir une présence francophone extrêmement importante sur l’échiquier mondial dans tous les domaines qui concernent la culture». Elle ajoute le «plan du livre» dévoilé récemment. Une politique linguistique s’applique à tous les ministères et organismes.

Par ailleurs, elle se défend d’avoir sabré 1,6 million $ dans les budgets d’organismes linguistiques. «Ce n’est pas vrai, c’est une addition des deux derniers exercices budgétaires, donc, si vous divisez, ça fait à peu près 800 000 $ par exercice, grosso modo», explique-t-elle. Qui plus est, plus de 70 personnes à l’Office québécois de la langue française traitent les plaintes qui sont portées à son attention. 

QS pour la motion
L’oratrice qui a succédé à la ministre David était sa soeur, Françoise David de Québec solidaire qui apportait un point de vue différent de ce qu’elle venait d’entendre. Cette langue est ce qui nous définit, ce qui nous rassemble, dit-elle. Cette langue a marqué notre histoire et sa promotion s’inscrit dans le cadre de la promotion de la diversité culturelle dans le monde. Elle invite à ne pas sous-estimer les difficultés de parler français au travail à certains endroits comme Montréal ou en Outaouais. Aussi, il faut envoyer un message aux entreprises récalcitrantes qui refusent de mettre du français dans leur affichage, estime l’élue de Gouin.
-30-