Relais de la flamme: le commissaire aux langues blâme la Commission du tourisme
Relais de la flamme: le commissaire aux langues blâme la Commission du tourisme
Le commissaire Graham Fraser a reçu deux plaintes à ce sujet: l'une en 2009 et l'autre en 2010. Il les a jugées fondées dans son rapport rendu en mai.
Dans le cas à l'origine du rapport, la CCT a engagé un blogueur pour filmer et commenter le parcours de la flamme olympique des Jeux d'hiver de Vancouver en 2010.
L'objectif était de mettre en valeur les communautés qui allaient recevoir la flamme, tout cela dans le but d'attirer des touristes.
Mais le blogueur ne parlait pas français et son blogue était donc uniquement en anglais. Même chose pour les vidéos qu'il a produites. Certaines, filmées au Québec, comportaient des échanges en français et en anglais. Sauf que seul le français portait des sous-titres — pour le bénéfice des anglophones — alors que les portions anglaises n'ont pas reçu le même traitement.
Ce traitement inéquitable des deux langues a été condamné par M. Fraser dans son rapport.
Mais pour la Commission, ce blogue n'était qu'une activité de marketing et ne constituait pas vraiment une «communication au public», tel que défini par la loi sur les langues officielles. La Commission a aussi soutenu que le blogue visait un auditoire international et non le public canadien.
Mais comme il ne s'agissait pas de la première contravention de la CCT, le commissaire Fraser semblait particulièrement irrité dans son rapport.
«Le commissariat a fait une recommandation précise à ce sujet en 2005 pour améliorer les choses, mais force est de constater que la situation n'a pas changé», écrit-il.
Sans compter que M. Fraser s'était impliqué au début du projet pour s'assurer qu'il soit bilingue.
«L'organisme n'a toutefois pas changé son approche. Dès octobre 2009, la commission a indiqué qu'embaucher un autre blogueur pour l'ensemble du relais serait trop dispendieux et qu'il était trop tard pour engager un blogueur bilingue», est-il écrit dans le rapport.
Le député Yvon Godin, du Nouveau Parti démocratique (NPD), est à l'origine de l'une des deux plaintes.
Il juge l'argument financier ridicule.
«C'est plutôt un manque de volonté. Et puis, à la fin de la journée, (le bilinguisme) c'est un revenu».
M. Godin déplore que ce soient les francophones qui doivent toujours porter plainte pour le non-respect de leur langue.
Il croit que le projet du relais de la flamme était une belle occasion de faire connaître le pays, bilingue, auprès des francophones ici, mais aussi aux touristes étrangers de langue française.
«Soit tu le fais comme il le faut, soit tu ne le fais pas», dit-il au sujet du blogue et des vidéos. Mais surtout pas en violant la loi sur les langues officielles, lance-t-il.
«Mais la commission s'en fiche carrément», conclut le député du NPD, vu les plaintes faites contre l'organisme au cours des années.