Une révolution bilingue aux États-Unis?

Une révolution bilingue aux États-Unis?

Auteur: 
Dominique Arnoldi, Radio-Canada

Source : Dominique Arnoldi, Radio-Canada
 
Plus de 40 000 enfants apprennent le français aux États-Unis, dans 200 écoles bilingues ou d'immersion. On trouve ces établissements dans 30 États américains, mais n'y entre pas qui veut.
 
Les listes d'attente et les programmes de loterie sont la norme dans plusieurs villes. Les parents demandent même parfois à changer de district pour que leur enfant ait accès au programme français.
 
L'engouement pour les langues secondes est en croissance aux États-Unis depuis la mise en œuvre, en 2006, de l'Initiative des langues pour la sécurité nationale instaurée par le président George W. Bush. Ce plan visait d'abord à donner aux Américains et à la Défense nationale de meilleurs outils pour lutter contre les menaces étrangères, ainsi qu'à améliorer les relations commerciales entre les États-Unis et le reste du monde.
 
Les parents américains, au fait des nombreuses études sur les bienfaits du bilinguisme, y voient également l'occasion d'aider leurs enfants dans leur développement.
 
Pourquoi pas?
 
L'école prématernelle d'immersion Atlas, à PortlandL'école prématernelle d'immersion Atlas, à Portland  Photo :  Dominique Arnoldi
Dory Hobbs et son mari Jarod, deux francophiles de Portland, ont vécu un an en France et avaient le désir de donner à leurs enfants l'avantage d'une langue seconde. Il y a trois ans, ils ont fondé la garderie-prématernelle Atlas French Immersion, à Portland. L'école, qui a amorcé ses activités dans les locaux d'une église en mal de fidèles, va bientôt s'approprier la chapelle pour s'adapter à la demande croissante.
 
L'école attire bien sûr les francophones, mais la majorité des parents qui y envoient leurs petits sont unilingues anglophones, selon la cofondatrice de la prématernelle. Ils souhaitent que leurs enfants bénéficient des avantages d'une langue seconde. Selon Mme Hobbs, il est reconnu que, « pour n'importe quelle langue, il y a des bénéfices au niveau du cerveau ».
 
« Il y a aussi beaucoup de parents [...] qui ont étudié le français à la fac et qui auraient aimé que leurs parents les placent en immersion française quand ils étaient plus jeunes. »
— Dory Hobbs, cofondatrice de l'école prématernelle Atlas
Par ailleurs, certaines personnes inscrivent leurs enfants à cette école tout simplement parce que c'est celle qui est le plus près de chez elles.
 
L'attirance pour la culture française donne au français un avantage sur d'autres langues secondes, croit Stephanie Whitney-Bradley, élevée par des parents francophiles et devenue professeure de français au Collège communautaire de Portland.
 
« Plusieurs étudiants me disent qu'ils ont une belle vision de la France, qu'ils veulent visiter Paris un jour. C'est la capitale de la culture et de l'histoire. Le français est perçu comme une langue d'intellectuels et de culture. »
— Stephanie Whitney-Bradley, professeure de français au Collège communautaire de Portland
Mme Whitney-Bradley constate que, si certains départements de langues ont eu de la difficulté à retenir leurs élèves au cours des dernières années, ce n'est pas le cas du sien. Elle pense que le russe et l'allemand sont considérés comme difficiles, et que l'espagnol est déjà connu de plusieurs et vu comme moins exotique que le français.
 
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