AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE
Nouvelles de novembre 2013 - par MAR le 13/11/2013 - 14:20
Nouvelles de novembre 2013
Publication du 2e Rapport ARPP/DGLF "Publicité et langue française" (28/11) (lien)
ARPP/DGLF : 43 publicités épinglées pour non-traduction en français (27/11) (lien)
Yves Montenay : Lettre au Monde au sujet d'un article sur HEC (16/11) (lire ci-dessous)
Greguti Inauguration du NUMA : du franglais et des marques à tous les étages (16/11) (lien)
Bernard Gensane Quelle langue parle-t-on à Lyon ? (Lyon capitale anglomane) (12/11) (lien)
Yves Montenay : Lettre au Monde au sujet d'un article sur HEC (16/11)
La concurrence entre grandes écoles est mondialisée : donc en anglais ?
Voici une saine réaction d'Yves Montenay, administrateur d'ALF (AS)
Madame, Monsieur,
Je me réfère à l'article de votre édition du 14 novembre (Le Monde) :
ENTRETIEN
"La concurrence entre écoles est mondialisée "
Leader incontesté dans l'Hexagone, HEC se mesure aux meilleures business schools de la planète. Selon Bernard Ramanantsoa, son directeur général, c'est une des raisons de sa notoriété et de son attractivité |
Je proteste une fois de plus contre l'absence de questions relatives aux langues dans des articles où c'est une question importante. Cette omission, soit de cette question dans le cas de cet article (voir ci-après), soit de la langue choisie par l'interviewé, est tellement systématique que je me demande s'il n'y a pas une consigne aux journalistes. Peut-être s'imaginent-t-ils vivre dans un monde homogène où les différences culturelles n'ont plus d'importance...
Habituellement mes remarques visent des déclarations de responsables de pays plurilingues de fait ou de droit, pour lesquels la langue de l'interview reflète un choix politique ou une situation culturelle significative, or ce n'est pratiquement jamais signalé par le journaliste. Dans son récit de voyage au Moyen-Orient, Gilles Kepel ne manque pas de relever la langue dans laquelle s'exprime l'interlocuteur, et souvent commente ce choix.
Cette fois-ci ma remarque vise notre grande école la plus connue mondialement au lendemain du débat sur la loi Fioraso relatif à la langue d'enseignement dans le supérieur. C'était donc important et d'actualité !
Cette protestation concerne votre journal. J'en profite pour faire une remarque qui concerne le fond de l'entretien, et rappelle tout d'abord que je suis un ancien directeur d'une grande école de management qui était à l'époque environ 10e du classement français, donc, bien sûr, derrière HEC, mais à un niveau honorable :
- il aurait été intéressant de savoir si tout ou partie des cours sont en anglais, et quel est le niveau de connaissance du français est exigé pour avoir le diplôme d'HEC. A titre d'exemple, la notoriété de l'École Centrale de Paris est telle que les étudiants étrangers qu'elle attire se donnent la peine d'apprendre le français et qu'un certain niveau de cette langue est nécessaire pour obtenir le diplôme. Les cours en anglais ne sont pas spécifiquement destinés à attirer des étrangers, mais reflètent une demande des étudiants et de leurs parents pour progresser dans cette langue. Et parfois bien sûr le fait que le professeur choisi pour sa notoriété n'est pas francophone. La notoriété d'HEC est équivalente et lui permet (ou lui permettrait) d'attirer des étudiants non francophones malgré la tenue d'une partie des cours en français, comme la version finale de la loi Fioraso le demande,
- il aurait été également intéressant de distinguer entre l'école proprement dite et les Masters, non seulement pour la proportion d'élèves étrangers, mais, en parallèle, sur la langue des cours qu'ils suivent,
- nous savons tous que la compétition est mondiale entre les grandes écoles ou leur équivalent universitaire à l'étranger, mais on peut se demander si la vocation des grandes écoles françaises est d'aller au-delà d'une nécessaire internationalisation et de capter des milliers, voire davantage, d'étudiants étrangers, ce "marché" étant infini,
- une certaine proportion des élèves travaillera en France, et si certains problèmes sont mondiaux d'autres, par exemple les problèmes sociaux ou les rapports entre les entreprises et l'État sont assez différents d'un pays à l'autre, ce qui nécessite des enseignants français.
Ces considérations sur la langue et l'avenir des élèves ne sont pas seulement liées à la mondialisation, mais aussi à la limitation des perspectives en France du fait de l'échec économique actuel, qui pousse des élèves à travailler à l'étranger. Une partie de ces départs seront définitifs, ce qui mène se poser de graves questions.
Meilleures salutations
Yves Montenay (abonné depuis longtemps, après avoir été jeune lecteur puisque je me souviens du numéro traitant du 1er novembre 1954 en Algérie)