AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE
Pour les conservateurs, le français n’est-il qu’une langue de traduction?
MATHIEU BOCK-CÔTÉ | JOURNALDEMONTREAL.COM | 03/11/2015
Ainsi, le Parti conservateur ne juge pas absurde la possibilité que son chef de transition ne parle pas français. Parmi les candidats à la chefferie intérimaire, rares sont ceux qui le parlent. Cela veut dire que des hommes et des femmes qui briguent un premier rôle dans la vie politique canadienne n’ont pas cru bon, au fil des ans, d’apprendre ce qu’on appellera pudiquement l’autre langue officielle. La chose n'était manifestement pas vitale. Il est fascinant de voir à quel point le Parti conservateur a renoncé à l'héritage de Robert Stanfield et de Brian Mulroney pour redevenir le parti du Canada anglais, et exclusivement du Canada anglais – même s’il parvient à entretenir une succursale québécoise à la contribution politique marginale. À un moment de son histoire, il a cherché à intégrer à sa vision du pays la réalité québécoise à travers la thèse des deux nations ou celle de la société distincte. Ce n’est manifestement plus le cas. Stephen Harper aura marqué la transition entre les deux visions du Parti conservateur. Il est aussi fascinant de voir qu'on trouve aussi quelques Québécois égarés à la Maxime Bernier pour cautionner ce mépris du peuple québécois en présentant leur attitude comme une admirable ouverture d’esprit. Ils sont si fiers de l'élever au-dessus de ce qu'ils considèrent plus ou moins comme une tribu.
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