AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE

Écriture inclusive : pour que le masculin ne l'emporte plus sur le féminin

ÉCLAIRAGE - Tout comprendre de cette écriture qui veut assurer une juste représentations entre les femmes et les hommes dans la langue française.

L'écriture inclusive « désigne l'ensemble des attentions graphiques et syntaxiques permettant d'assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes », peut-on lire dans le Manuel d'écriture inclusive édité par Mots-Clés, une « agence de communication d'influence » et disponible gratuitement en ligne.

Cette agence propose, au même titre que le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes dans son Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe, de renoncer à plusieurs principes de la langue française.

« La langue reflète la société et sa façon de penser le monde. C'est bien parce que le langage est politique que la langue française a été infléchie délibérément vers le masculin durant plusieurs siècles pour les groupes qui s'opposaient à l'égalité des sexes », peut-on également lire dans le manuel édité par Mots-Clés.

Invisibiliser les femmes dans des règles d'accords et de conjugaison reviendrait, selon les défenseurs et défenseuses de l'écriture inclusive, à les reléguer au second plan dans la société.

Pour remettre au centre du langage (et de la société) les femmes, Mots-Clés propose alors dans son manuel trois conventions, simples à comprendre et faciles à appliquer dans la vie de tous les jours. Elles proposent de « s'affranchir des règles pour éviter de tomber dans les discriminations », souligne Chloé Sebagh, cheffe de projet de l'agence.

1re convention : il s'agit d'accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres. C'est pour cela que Chloé Sebagh se définit comme « cheffe » de projet ou que certaines femmes qui écrivent vont préférer « auteure » ou « autrice » au masculin « auteur ».

À noter que « autrice » est un mot qui a été dépossédé de la langue française au XVIIe siècle au moment où les femmes investissaient la sphère intellectuelle et prenaient donc de plus en plus d’importance dans la société. Sa forme modernisée, « auteure », date des années 90 et vient de nos amis québécois.

2e convention : user du féminin et du masculin selon l'énumération par ordre alphabétique (les Français et les Françaises), le recours aux termes épicènes, c'est-à-dire qui ne varient pas selon le genre (les personnes de nationalité française) ou l'usage d'un point milieu (les Français·es), accessible en raccourci clavier sur Windows (alt + 0183) et Mac (alt + maj + F).

3e convention : ne plus employer les antonomases du nom commun « Femme » et « Homme ». Raphaël Haddad, fondateur de Mots-Clés, souligne à ce sujet que le mot « homme » dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme a longtemps servi à écarter juridiquement les femmes du droit de vote (finalement obtenu en 1945).

L'écriture inclusive a par exemple déjà été adoptée par la mairie de Paris ou dans un manuel édité par Hatier à destination des écoliers et des écolières de CE2. Le Larousse, qui a adopté « seflie », « bolos » et « lose » pour son édition 2016, est-il en passe de se convertir lui aussi à l'égalité entre les femmes et les hommes pour 2018?

Cet article a été entièrement rédigé en inclusif, l'avez-vous remarqué?