AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE

Enjeux linguistiques

Les partis ne s'entendent pas sur les moyens

« En 2016, près de 15 % de la population québécoise déclarait aux chercheurs de Statistique Canada être plus à l'aise en anglais lorsqu'elle devait choisir entre les deux langues officielles. Il faut remonter à 1981 pour trouver une proportion comparable », déplore le député Maka Kotto du Parti québécois qui réclame une modernisation de la Loi 101.

Entre autres, Ie PQ souhaite soumettre les entreprises québécoises de 25 à 50 employés à la procédure de certification de francisation.

« C'est pourtant au travail que l'avenir du français se joue principalement. Or, au Québec et plus particulièrement à Montréal, on observe une progression du bilinguisme en milieu de travail. De plus, les études menées, en 2012, démontraient que, fréquemment, des employeurs exigent la maîtrise de l'anglais pour des postes qui n'en nécessitent même pas la connaissance », dit-il.

Mais pour la ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française, Marie Montpetit, « la prémisse du collègue de Bourget est erronée ».

Elle maintient que « plus de 94 % des Québécoises et des Québécois sont capables de soutenir une conversation en français. Ça, pour moi, c'est un chiffre qui parle, 94 %», dit-elle. Selon la ministre, « fidèle à son habitude le Parti québécois brosse encore un portrait alarmiste de la situation du français au Québec. »

Uniquement à Montréal
La Coalition avenir Québec « est en faveur d'étendre l'application de la Charte de la langue française aux entreprises privées de compétence fédérale, mais notre appui s'arrête là, malheureusement », dit la députée Claire Samson. « Imposer la loi 101 aux entreprises de 25 à 49 employés, c'est imposer le fardeau administratif et bureaucratique qui vient avec. »

La CAQ « propose plutôt d'accompagner les entreprises de 25 à 49 employés là où c'est pertinent et important de le faire. À quoi bon imposer la loi aux PME de Sept-Îles ou de Trois-Rivières, là où il n'y a pas de problèmes? » Elle propose aussi « d'offrir un programme particulier et sectoriel de francisation pour les entreprises de la Communauté métropolitaine de Montréal comptant entre 26 et 49 employés, sans alourdir le fardeau administratif ».

Trop radical
Bien que d'accord avec plusieurs propositions de la motion péquiste, l'élu Gabriel Nadeau-Dubois de QS s'est dit « en porte-à-faux clair avec une des mesures incluses dans cette motion, qui stipule que 100 % des candidats, et j'ajoute candidates, à l'immigration se devraient d'avoir une connaissance intermédiaire ou avancée du français ».

Il estime la mesure ni applicable ni souhaitable. Elle « écarterait énormément de gens, des gens qui n'ont pas accès à des cours de français et qui, pourtant, pourraient vouloir se joindre à la société québécoise pour la faire grandir, pour y contribuer ».

Besoin de main-d'oeuvre
On a dit que le gouvernement libéral s'inspire des idées de la CAQ. Cependant, il y a « deux idées de la CAQ que le Parti libéral n'adoptera jamais », tranche le ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, David Heurtel.

Premièrement, « c'est les tests qui mènent à l'exclusion et le renvoi des immigrants et également la réduction de l'immigration. Et, encore une fois, dans le plan de la CAQ, je n'ai pas entendu comment ce grand plan solutionne les besoins de main-d'oeuvre qu'on voit partout en région », ironise le ministre.

De 62 % à 42 %
En se basant sur des statistiques du 27 octobre dernier, le chef péquiste Jean-François Lisée déplore que «le gouvernement actuel fait entrer au Québec moins de néo-Québécois parlant français qu'avant. Ça ne s'améliore pas, ça empire», soupire le député de Rosemont.

« C'est tombé de 62 % qui connaissaient le français au point d'entrée, il y a cinq ans, à 42 %. Mais ça, c'est un déclin rapide, c'est un déclin dangereux, c'est un déclin significatif. »

Il cite l'exemple de la Grande-Bretagne. «  Je n'ai pas entendu dire que l'anglais était en danger, en Grande-Bretagne. Mais depuis plusieurs années, ils disent : écoutez, si vous voulez immigrer en Grande-Bretagne, démontrez que vous connaissez l'anglais avant de venir, vous et votre conjointe, ou votre conjoint. Quand vous l'aurez appris, et si vous avez la compétence que l'on recherche, vous viendrez. »