Francophones de tous les pays, unissons-nous !
Francophones de tous les pays, unissons-nous !
Face à la mondialisation, le député français Pouria Amirshahi et la Franco-Québecoise Louise Beaudoin plaident pour une francophonie moderne et solidaire, à même de mener de grands projets. Et appellent citoyens, Etats et élites économiques à s'investir.
A l’occasion de la Journée internationale de la francophonie, nous souhaitons réaffirmer ensemble qu’une ambition francophone est résolument possible. Noire et blanche, maghrébine et latine, américaine et africaine, elle est même une promesse.
Le monde nouveau qui s’annonce voit s’organiser des aires géoculturelles autour de langues centrales. Nous francophones, au même titre que les arabophones, les hispanophones, les sinisants et les lusophones, prenons pleinement conscience des potentiels de rayonnement, d’influence et aussi de solidarité qu’offrent les espaces linguistiques coordonnés. La francophonie, c’est une aire d’interactions et d’échanges privilégiés pour bâtir ensemble de grands projets concrets, qu’il nous faut traduire en actes, en réalisations et en créations.
UN VISA FRANCOPHONE
En nous saisissant de son enjeu culturel, politique, scientifique et aussi économique, nous voulons porter une vision moderne de la francophonie. Cette francophonie d’aujourd’hui et de demain est fondée sur une alliance des Etats, des nations et des peuples francophones, soucieux de cultiver dans la mondialisation un sentiment d’appartenance et de défendre une communauté d’intérêts. Elle s’organise autour du rapprochement de nos sociétés par la convergence des contenus (éducatifs, scientifiques), la convergence des outils (culturels, linguistiques), la circulation des œuvres et des personnes.
Cette francophonie des projets s’illustre déjà de mille manières : nous plaidons, en plus, pour un visa francophone pour les chercheurs, les chefs d’entreprise, les artistes, etc. ; nous savons la force que présenterait une mise en commun de normes, certifications, référentiels et manuels en français ; nos jeunes auraient tout à gagner à voir exister des diplômes communs ; nos industries se renforceraient grâce au volontarisme francophone pour le brevetage et les inventions en français. La francophonie de demain, c’est également développer la mobilité des étudiants francophones à la façon du programme européen Erasmus, ou encore promouvoir le français comme langue de travail.
UN VACCIN CONTRE UN MONDE STANDARDISÉ
Cette francophonie renouvelée est aussi un vaccin contre le risque d’un monde standardisé. En premier lieu parce que la francophonie est par nature plurielle, et donc une arme face à la montée des xénophobies. La francophonie a été au centre des négociations de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité culturelle adoptée par l’Unesco en 2005, et elle se trouve actuellement au cœur des réflexions pour l’adapter à l’impact du numérique et des nouvelles technologies sur nos industries culturelles. Ensuite parce que forcer à penser en une langue unique est une menace pour la diversité des citoyens du monde.
La langue française ne survivra pas comme seul héritage culturel, ou comme un «trésor de guerre». Elle n’ira pas non plus toute seule au prétexte de la croissance démographique africaine, surtout si celle-ci va plus vite que la (re)construction des systèmes éducatifs, et encore plus si elle n’est pas cultivée par les francophones eux-mêmes ! La francophonie passe par la rencontre assumée des cultures et des citoyens qui la composent. La francophonie doit être aussi portée par des élites économiques qui cultivent depuis trop longtemps la désinvolture, le renoncement, voire la servitude volontaire à l’égard d’un globish aussi pauvre que dépassé. Elle suppose enfin des choix budgétaires conséquents de la part de nos gouvernements.
Pouria AMIRSHAHI Député des Français de l’étranger et Louise BEAUDOIN Ancienne députée et ancienne ministre du Québec