La francisation : un processus continu

La francisation : un processus continu

Auteur: 
Bulletin Travailler en français, FTQ

François Nadeau, responsable de la promotion du français au travail pour la section locale 501 des TUAC, est aussi membre du comité de francisation de l’entreprise Élopak Canada depuis une vingtaine d’années. Au fil des ans, relate-t-il, « j’ai pu suivre de près le parcours de la francisation jusqu’à l’obtention du  certificat de francisation, en 2004. Aujourd’hui, on peut dire qu’à l’exception de la page Web de l’entreprise, de certaines fonctions informatiques, de quelques panneaux publicitaires qui ne sont pas encore traduits, et pour lesquels l’Office québécois de la langue française ne cesse d’insister pour leur traduction, nous travaillons en français. C’est bien, me direz-vous, mais que faut-il de plus?
 
« Lorsque nous avons appris lors d’une séance de formation offerte par la FTQ que le processus de francisation était un processus permanent, nous avons commencé à nous interroger sur l’état de fonctionnement de notre comité de francisation. Rapidement, nous nous sommes rendu compte que depuis la remise du certificat de francisation qu’il ne s’était pas passé grand chose. Nous avions même perdu toute forme d’intérêt pour la francisation de notre milieu de travail. C’est comme si le certificat nous avait donné l’assurance d’une francisation éternelle. Au fil du temps, le comité avait perdu des membres, tant patronaux que syndicaux, pour lesquels on ne s’inquiétait pas de leur remplacement et les réunions du comité se faisaient de plus en plus rares et nous en étions venus à en oublier la date de la dernière.
 
« C’est au cours de notre journée de formation que nous avons réalisé que la francisation d’un milieu de travail était un processus continu et que les obligations de la Charte de la langue française concernant le fonctionnement des comités de francisation demeuraient bien vivantes. Nous réalisions, par la même occasion, qu’il fallait plus qu’un certificat de francisation pour assurer l’épanouissement du français dans un lieu de travail. La francisation nécessite une participation active de tous les membres du comité et doit s’inscrire dans le temps pour garder son statut. C’est ainsi que cette prise de conscience nous amena à regarder de plus près, avec le soutien des directions syndicales locales, le fonctionnement des comités de francisation et l’état général de la francisation des lieux de travail représentés par notre syndicat. Parmi la quarantaine de lieux de travail comptant plus de cent personnes, donc soumis à l’obligation de former un comité de francisation, nous avons malheureusement constaté que désintéressement et abandon du processus de francisation. En poursuivant nos recherches, nous avons appris que certains dossiers étaient entre les mains du procureur général, donc judiciarisés, pendant que d’autres ne comptaient pas de représentant syndiqué ou n’étaient tout simplement pas inscrits dans les fichiers de l’Office.
 
Un projet pilote
« Face à ce désordre, la direction de la section locale 501 des TUAC, avec le soutien du service de la francisation de la FTQ, a décidé d’essayer de redresser la situation en proposant à ses membres une approche globale. Un projet qui fait appel aux partenaires concernés et dont l’objectif est d’insuffler une nouvelle dynamique aux comités de francisation afin d’assurer la permanence de la francisation. Nous souhaitons ainsi offrir aux membres syndiqués des comités de francisation un meilleur encadrement et un meilleur suivi de leur action sur le terrain.
 
« Notre projet pilote a pris forme au cours du printemps 2014. Après le recensement des lieux de travail où l’on devrait retrouver un comité de francisation, nous avons dressé un portrait de l’état de situation de chacun des lieux de travail. Par la suite, nous avons offert de la formation à plusieurs membres de comité de francisation. Au cours des prochains mois, nous aurons à travailler en étroite collaboration avec l’Office québécois de la langue française et le Service de la francisation de la FTQ pour réaliser notre projet et remettre la francisation en marche. » 
 

Elopak Canada compte quelque 250 employés dont 180 syndiqués dans son usine de Saint-Léonard. L’entreprise se spécialise dans l’impression et le scellage de contenants de carton pour emballages liquides. Ces produits sont destinés notamment à l’emballage de lait, de jus et d’œufs liquides pour des fabricants du Canada et du Nord-est américain.