AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE

Un des apports de la lutte des francophones de l’Ontario

Auteur: 
Gilles LeVasseur

La désignation officielle du caractère bilingue de la ville d’Ottawa est une victoire que l’on doit célébrer tant à Ottawa qu’à travers le Canada. Les francophones ont osé, de même que le monde politique, tant à Queens Park qu’à la municipalité d’Ottawa. Ce qui est remarquable, c’est que le combat entamé depuis plus de vingt ans est aujourd’hui une réalité. La première leçon à tirer de tout ceci est que, lorsque les individus se prennent en main et sont organisés, ils peuvent réussir de grandes choses.
 
Et aussi qu’un idéal, d’une communauté, d’une région ou d’un pays, se réalise d’abord par la volonté des citoyens de changer le statu quo. Les francophones de l’Ontario, par leur détermination et leur militantisme, ont donné au Canada un nouvel élément identitaire : une capitale fédérale qui reconnaît officiellement la dualité linguistique du pays. Cette persévérance a donné un fruit juridique qui est un legs pour tous les Canadiens, soit l’égalité des langues française et anglaise au sein de la municipalité d’Ottawa, capitale des citoyens du Canada.
 
Dorénavant, l’exemple d’Ottawa peut être suivi par d’autres municipalités qui veulent reconnaître officiellement leur dualité linguistique. Pour ce faire, il faut modifier les lois qui régissent les municipalités afin de faciliter leur démarche grâce à l’adoption d’une résolution du conseil municipal incorporant les principes d’égalité des langues française et anglaise. Il revient à chaque municipalité de définir le degré de services offerts dans les deux langues officielles et les moyens d’exécuter la prestation de ces services dans les deux langues officielles.
 
Enfin, en supprimant cet irritant humiliant pour les francophones à travers le Canada qu’est l’absence d’une reconnaissance officielle du français au côté de l’anglais au sein de la capitale du Canada, les francophones pourront concentrer leurs énergies sur d’autres combats linguistiques, dont la politique nationale en matière linguistique et le plan d’action sur les langues officielles qui en découlera. L’absence de reconnaissance du caractère bilingue de la ville d’Ottawa était une tache sombre sur l’égalité entre francophones et anglophones.
 
Rôle de la Commission de la capitale nationale 
Le gouvernement du Canada a l’obligation d’intervenir dans la prochaine étape de cette mise en oeuvre du caractère bilingue de la capitale du Canada en offrant des moyens et des services afin de créer un visage de la dualité linguistique canadienne. En aidant les commerces à afficher dans les deux langues officielles dans un district donné ou une zone désignée à proximité des édifices du Parlement du Canada est une première étape. À ceci peuvent s’ajouter des programmes incitatifs dans la prestation de services commerciaux dans les deux langues officielles, dont l’accueil, l’information, ou les symboles qui indiquent la capacité de servir les clients dans la langue de leur choix.
 
La Commission de la capitale nationale a le devoir d’appuyer ces démarches linguistiques, car elle est le bras droit du gouvernement du Canada au sein de la capitale fédérale. Elle peut ainsi exiger que tout locataire d’un local commercial dont elle est la propriétaire accueille et serve les clients dans la langue de leur choix. En nous impliquant dans le monde économique et des affaires, nous valorisons l’apprentissage et l’usage de la langue française au sein de la capitale du Canada.
 
Voilà un des legs de la lutte des francophones de l’Ontario : offrir à tous les francophones la capacité d’être reconnus à l’égal du groupe majoritaire, dans l’honneur et la dignité, au sein de la capitale du Canada et ouvrir de nouveaux chantiers afin de pleinement vivre cette égalité linguistique.