AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE

Fraser demande un bureau pour les anglophones du Québec

Auteur: 
La Presse canadienne

Le gouvernement du Québec a rejeté une nouvelle demande du commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, de faire plus pour mieux servir la communauté anglophone minoritaire de la province.
 
En entrevue à La Presse canadienne, Graham Fraser a dit avoir rencontré les trois libéraux anglophones du gouvernement provincial et a dit qu’il n’avait reçu « aucune indication » montrant que le gouvernement compte créer un bureau pour les affaires anglophones qui aurait comme tâche de s’occuper des préoccupations des 600 000 Québécois de langue anglaise.
 
Des groupes communautaires ne sont pas surpris de la réaction du gouvernement libéral, dont les actions et les paroles ne sont pas conséquentes, croient-ils.
 
Contrairement à leurs prédécesseurs au gouvernement, les libéraux admettent l’importance des anglophones dans la province. Mais des membres de cette minorité affirment que le contrôle local des institutions au coeur de leur communauté s’érode lentement, tout comme leur influence sur les politiques publiques — peu importe le parti au pouvoir.

« La communauté anglophone a un problème avec les gouvernements successifs, a mentionné M. Fraser. Elle tend à être tenue pour acquise, peu importe le gouvernement. Il en résulte une influence limitée auprès de Québec. » 
 
Pas de continuité
 
Le gouvernement libéral considère que ses trois députés anglophones — la ministre de l’Immigration, Kathleen Weil, le ministre des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, et l’assistant parlementaire du premier ministre, David Birnbaum — représentent suffisamment la communauté anglophone du Québec.
 
Mais M. Fraser et les groupes d’intérêts anglophones ne sont pas d’accord. 
 
Sylvia Martin-Laforge, directrice générale du lobby Quebec Community Action Network, affirme pour sa part que ce n’est « absolument pas » assez. Bien que son groupe ait accès à des politiciens, elle plaide le fait que les groupes anglophones devraient avoir un accès direct à la bureaucratie. « Ce dont nous avons besoin, c’est de conseillers à l’intérieur, dit-elle. Quelqu’un dont le travail est de travailler avec moi, au sein du gouvernement provincial. »
 
Mme Martin-Laforge est particulièrement inquiète du projet de loi 10 sur la réforme de la gouvernance des hôpitaux. Cette mesure est censée économiser des millions de dollars à l’État, croit le ministre Gaétan Barrette. Mais le fait de centraliser la gouvernance des hôpitaux et des écoles — les piliers de l’identité et de la culture de la communauté anglophone — est facilement perçu par la communauté anglophone comme une menace. 
 
« La communauté a bâti chacune de ces institutions, fait valoir Mme Martin-Laforge. Nous avons acheté les terrains, construit les édifices, nous avons fait tout le travail. Si nous n’avons pas d’institutions, nous n’avons rien. » 
 
Cette position n’a pas l’assentiment de David Birnbaum. Le député de D’Arcy-McGee, un ancien dirigeant de l’Association des commissions scolaires anglophones du Québec, ne croit pas qu’un bureau d’affaires anglophones soit la solution. 
 
Amendements
 
Il ajoute aussi que le projet de loi 10 est toujours en cours de révision et que la communauté anglophone doit être patiente, car il a passé des heures à travailler sur des changements à faire à la loi. Il faut que les gens fassent la distinction entre le Parti québécois et le Parti libéral, dit-il, car son gouvernement « comprend que le Québec anglophone est un allié ». 
 
L’attachée de presse de l’aile parlementaire du Parti québécois, Antonine Yaccarini, abonde dans le même sens que le député de D’Arcy-McGee. « La création d’un bureau des affaires anglophones n’est pas nécessaire. Les droits linguistiques de la communauté anglophone du Québec sont très bien protégés. Et j’ajouterais que notre gouvernement avait un ministre dédié aux relations avec la communauté anglophone », a affirmé Mme Yaccarini.