AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE
De Courcy veut réveiller les entreprises
Le français est largement utilisé au travail, mais le bilinguisme lui fait de plus en plus ombrage. Si le Parti québécois devenait un gouvernement majoritaire, il ramènerait à l’ordre du jour des mesures de francisation en entreprises, l’avait tenté le projet de loi 14.
C’est en marge d’un colloque portant sur la francisation des entreprises, organisé à Montréal, lundi, par le Conseil du patronat du Québec (CPQ), que la ministre responsable de l'Immigration, des Communautés culturelles et de la Charte de la langue française, Diane De Courcy, a mentionné que la valorisation du français ne peut plus reposer entièrement sur la bonne volonté des gens d’affaires.
« On s’est endormi sur la question. Les entreprises font beaucoup, mais font-elles assez ? Ça nous prendrait des encadrements législatifs et réglementaires combinés à la bonne volonté, des instruments un peu plus costauds pour nous permettre d’aider davantage les entreprises et de clarifier les choses », a déclaré Diane De Courcy.
En français et en anglais
Les données d’un sondage réalisé par l’Office québécois de la langue française (OQLF) en 2010 ne changent pas. La proportion des personnes travaillant généralement ou uniquement en français a diminué entre 1989 et 2010, passant de 73 % à 66 %. Les entreprises de l’île de Montréal sont de plus en plus portées à exiger systématiquement l’anglais à l’embauche. Quelque 40 % d’entre elles l’avaient fait pour tous les postes à pourvoir, comparativement à 19 % pour les entreprises de l’ensemble du Québec. Et l’anglais au travail progresse au détriment du français, partout au Québec. Entre 1989 et 2010, le français, langue de travail dans les PME est passé de 43 % à 32 %.
«Le bilinguisme institutionnel, ça nous préoccupe à l’Office de la langue française», a indiqué le président-directeur général de l'OQLF), Robert Vézina.
Pour une réglementation intelligente
«On peut voir cela comme un verre à moitié vide ou un verre à moitié plein. On doit partager les meilleures pratiques pour qu’il ne fasse pas de doute que le français soit la langue de travail et de services. Mais on ne peut pas nier que la mondialisation existe et que la langue commune de communication est l’anglais», a mentionné le président du CPQ, Yves-Thomas Dorval.
À son avis, une réglementation trop rigide ne donnerait pas de meilleurs résultats.
La rentabilité du français
À défaut d’une nouvelle législation, c’est la démonstration de la rentabilité de travailler en français qui est dans la mire de l’OQLF.
«Lorsqu’on travaille dans sa propre langue d’usage, on est plus efficace, plus performant, plus heureux au travail. Le fait français au Québec c’est quelque chose de rentable, c’est gagnant. Mais, bien entendu, l’usage d'autres langues c’est important et la francisation des entreprises ne remet pas en cause ni n’amoindrit la compétitivité des entreprises», a souligné Robert Vézina.