AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE
Francophonie, l’atonie des autorités
Comme tous les ans depuis 1988, la francophonie est célébrée le 20 mars par les soixante dix-sept pays membres et observateurs de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Mais cet événement, ainsi que les initiatives prises par l’OIF, ne doivent pas masquer l’atonie des autorités françaises dans la défense de leur langue et plus généralement de la diversité linguistique.
Paris se mobilise peu pour faire respecter le multilinguisme inscrit dans les règlements intérieurs des organisations internationales. Dans l’Union européenne (dont 17 des 28 pays membres, qui représentent 40 % de la population, sont observateurs de l’OIF), le français comme langue source des documents produits par les institutions est passé de 40 % en 1990 à moins de 6 % aujourd’hui. Tandis que les documents initialement rédigés en anglais passaient quant à eux de 45 à 80 %. Les conférences de presse de la Commission, traditionnellement en français, se font maintenant en anglais alors que le président José Manuel Barroso s’exprime couramment en français. En principe l’une des deux langues de travail de la politique étrangère européenne, le français a pratiquement disparu du Service européen d’action extérieure dirigé par la Britannique Catherine Ashton (qui ne parle couramment que l’anglais !).
Selon l’Association des fonctionnaires francophones des organisations internationales (AFFOI), la très grande majorité des sites Internet des agences européennes spécialisées sont dangereusement peu diversifiés malgré des textes formels censés imposer un minimum de rigueur à ce niveau. En France même, l’adoption de la loi Fioraso en juillet 2013 symbolise une forme de capitulation devant la généralisation du recours à l’anglais.
Il appartient aux autorités françaises de montrer l’exemple en mettant un point d’honneur à s’exprimer en français dans les instances internationales et à soutenir ceux, notamment venus du continent africain, qui demandent le respect de leur droit à passer des concours internationaux en français ou à pratiquer la langue de Molière et de Leopold Sédar Senghor dans l’ensemble des instances des Nations unies.