AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE

Le nouveau gouvernement Notley, un élan pour la francophonie?

Auteur: 
Geneviève Normand

Le français en Alberta, bien que fragile, est une langue qui se porte bien, selon des regroupements francophones. Les projets sont nombreux, la population est grandissante et depuis que les électeurs ont choisi un gouvernement néo-démocrate en mai 2015, un vent d'optimisme est observé par certains organismes francophones.
 
Selon la directrice de l'Association canadienne-française de l'Alberta (ACFA) régionale de Grande Prairie, Michelle Margarit, la première ministre Rachel Notley « y va doucement, mais va de l'avant » dans les dossiers reliés à la francophonie.
 
«Je sens beaucoup de soutien, a-t-elle dit, de par des lettres qui ont été envoyées dans les [ACFA] régionales en français et aussi à voir les approches du ministre de l'Éducation et de la Culture dans la francophonie. Je pense qu'il va y avoir des changements positifs ».
 
Le ministre de l'Éducation, de la Culture et du Tourisme David Eggen a déjà séduit des francophones, notamment par sa visite à l'École Nouvelle Frontière lors de la rentrée scolaire. Le ministre est aussi responsable des affaires francophones au gouvernement. 
 
L'ACFA provinciale a elle aussi remarqué cette ouverture des élus provinciaux.
 
Jean Johnson, qui a qualifié la réception des dossiers francophones par le gouvernement de l'Alberta comme étant «très positive», soutient que les échanges entre l'organisation et le gouvernement se font sans crainte. «La question du gros éléphant dans la salle, la cause Caron-Boutet, maintenant on en parle», s'est-il réjoui.
 
«Ce qui est intéressant présentement, c'est qu'on est en train de dialoguer avec le gouvernement provincial sur ce qu'on fait après le jugement de la Cour suprême [sur la cause Caron].» —Jean Johnson, président de l'ACFA provinciale
 
La cause Caron, un litige qui porte sur la constitutionnalité de l'unilinguisme en Alberta, est devant les tribunaux depuis 2003. Un jugement est attendu plus tard cet automne par la Cour suprême du Canada.
 
Une impression bien différente avec Ottawa
 
Si la francophonie a de bons espoirs avec le gouvernement de Rachel Notley, la situation est tout autre avec les élus fédéraux.
 
Sur la scène fédérale, les Franco-Albertains se sentent parfois « exclus » des discussions et des grands enjeux. C'était le cas notamment le 24 septembre lors du débat des chefs en français. Ils ont d'ailleurs été nombreux en Alberta, comme ailleurs au pays, à faire savoir leur mécontentement devant l'absence de représentativité des communautés francophones minoritaires.
 
Dans cette même lignée, le président de l'ACFA provinciale Jean Johnson n'a pas mâché ses mots pour décrire le manque d'efforts d'Ottawa pour préserver le français dans les communautés francophones en situation minoritaire.
«Il est certain que le gouvernement [fédéral] actuel pose problème par rapport au développement des communautés francophones», a-t-il affirmé en entrevue, ajoutant que «chaque fois que le premier ministre Harper parle en français aux Canadiens, il s'adresse aux Québécois.»
 
Jean Jonhson avance même que le gouvernement du Canada ne respecte pas la Loi sur les langues officielles.
 
«On est toujours devant des demandes, des lettres à écrire, déposer des plaintes au Commissariat des langues officielles simplement parce que le gouvernement fédéral ne respecte pas sa propre loi.» —Jean Johnson, président de l'ACFA provinciale
L'exemple qu'il cite est la nomination de juges unilingues anglophones à la Cour suprême du Canada. En 2006 et en 2011, Stephen Harper avait respectivement recommandé les candidatures de Marshall Rothstein et de Michael Moldaver, deux unilingues anglophones, pour siéger au plus haut tribunal du pays.