AILLEURS DANS LA FRANCOPHONIE

La politique de différenciation inquiète les étudiants francophones

Auteur: 
Sébastien Pierroz, www.expressottawa.ca

Un projet du ministère de la Formation et des Collèges et Universités sème des interrogations parmi les étudiants francophones.
 
© courtoisie La politique de différenciation avoir un impact négatif sur les études en français, estime la FÉUO.
 
La Fédération étudiante de l'Université d'Ottawa (FÉUO) dit s'inquiéter de la politique de différenciation dévoilée par le ministère en novembre dernier comme principal moyen stratégique pour le système d'éducation postsecondaire.
 
Autrement dit, la province dit vouloir désormais se concentrer sur les «forces existantes» des universités ontariennes. Des ententes stratégiques sont en passe d'être signées à cet effet avec les différentes universités d'ici le printemps. En attendant, chacune d'entre-elle doit déterminer ce qui la distingue des autres et expliquer à la province comment elle s'y prendra pour développer ses forces au cours des années à venir.
 
Une mesure qui pourrait se traduire par la suppression de certains programmes francophones sur le campus d'Ottawa, estime la FÉUO.
 
«Nous surveillons ça avec attention, illustre sa présidente Anne-Marie Roy. L'Université avait déjà supprimé les admissions au baccalauréat en journalisme cette année. Ce n'était que les premiers petits pas vers une politique de différenciation. Celle-ci veut éviter les dédoublements avec d'autres universités, mais risque d'aggraver en réalité les suppressions de programmes.»
 
Si la présidente admet que les suppressions toucheraient «aussi bien les francophones que les anglophones», elle laisse entendre que l'impact pourrait être plus rude pour les programmes donnés dans la langue de Molière, moins représentés sur le campus et très généralement dans la province.
 
Du côté de l'Université d'Ottawa, on refuse en tout cas d'y voir une quelconque menace pour les programmes en français: «L’Université d’Ottawa a déjà identifié les éléments uniques qui la distingue des autres universités ontariennes. Le bilinguisme et la francophonie sont un des trois piliers stratégiques sur lesquels l’Université compte poursuivre son développement», a réagi Caroline Milliard, directrice générale des communications au sein de l'U d'O.
 
Ces inquiétudes sont aussi partagées du côté du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), quoi que de manière plus mesurée: «22% des programmes offerts dans la province le sont en français, analyse le coordonnateur général de l'organisme Alain Dupuis. Il faudrait s'assurer que la francophonie ne soit pas touchée si l'on veut éviter les dédoublements dans la programmation.»
 
Le ministère rassurant, Boileau mitigé
 
Le ministère de la Formation et des Collèges et Universités se veut malgré tout rassurant sur le sujet: «Le Cadre stratégique de différenciation vise à promouvoir les points forts du programme dans toute la province, y compris des programmes orientés vers les communautés francophones, explique Linda Mackay, une porte-parole. Le cadre stratégique intègre les commentaires de nos intervenants clés, y compris nos partenaires francophones.»
 
Interrogé sur l'enjeu de la différenciation, le commissaire aux services en français François Boileau se veut quant à lui prudent: «Il y a un danger, c'est évident, mais à la lecture du projet, je me satisfais que la francophonie soit mentionnée à plusieurs reprises. Il y a en effet des balises.»
 
Il n'est pas impossible d'après lui de voir cette politique de différenciation déclencher la création de programmes francophones. «Il est encore trop tôt pour en connaitre les contours, mais si celle-ci est bien menée, elle pourrait se pencher sur le manque de programmes dans le Centre-Sud-Ouest de l'Ontario.»